Sauver la population d’Idleb (28/02/2020)
Monsieur le Président de la République,
Le 27 octobre 2018 à Istanbul, avec la Chancelière Angela Merkel, les Présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan, vous avez cautionné la consolidation du compromis négocié le 17 septembre à Sotchi entre les présidents russe et turc, qui affirmait instaurer une trêve pour éviter un assaut des forces du régime syrien sur la poche d’Idleb et sécuriser quelques trois millions de civils.
Mais de fait, Monsieur le Président, Vladimir Poutine, avec son protégé Bachar Al Assad, a continué de bombarder systématiquement les populations civiles en ciblant et en détruisant leurs hôpitaux, leurs écoles et leurs marchés, tuant des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants, et provoquant un exode en plein hiver de près d’un million de personnes aujourd’hui sans abri. Vladimir Poutine est responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité, comme il l’a été en son temps à Grozny, afin de terroriser les populations.
Le 5 mars 2020, avec les mêmes protagonistes, un nouveau sommet devait, selon les dires du Président Recep Tayyip Erdoğan tenter d’arrêter les combats.
Le porte-parole du Kremlin vient de déclarer que la Russie « ne cherche pas actuellement à organiser le sommet du quatuor ». Le message de Vladimir Poutine est clair ; il souhaite être libre de tout engagement contraignant pour continuer ses basses œuvres en Syrie.
Monsieur le Président, la naïveté n’est pas de mise : après Grozny et après les crimes de guerre et contre l’humanité commis en Syrie par l’armée russe depuis 2015, il est impensable de remettre le sort des trois millions de syriens d’Idleb à Vladimir Poutine.
Monsieur le Président, il y a urgence, il appartient à la Communauté internationale dans le cadre de l’ONU, à l’Union Européenne, d’imposer l’arrêt du massacre et de la déportation de la population civile, d’exiger le libre accès de l’aide humanitaire et l’application du droit international afférent à la Syrie.
Monsieur le Président, la lâcheté n’est pas de mise de la part des démocraties. Elles ne doivent pas craindre de mettre en demeure les pays qui violent le droit international, d’opposer des contre-mesures aux frappes visant Idleb, et de mettre en œuvre de lourdes sanctions diplomatiques et économiques à l’encontre des pays et de leurs dirigeants qui bafouent chaque jour à la face du monde, en toute impunité, le droit humanitaire international et des Résolutions de l’ONU sur la Syrie.
La catastrophe humanitaire, annoncée depuis plus d’un an, est aujourd’hui la triste réalité. Mais il est encore un peu temps d’éviter qu’elle ne soit décuplée.
À Idleb, pour préserver des relations économiques avec la Russie, nous sommes en train de perdre notre propre humanité et de nous rendre complices de crimes de guerre.
Monsieur le Président, soyez porteur de ce cri d’alarme et de cette pressante requête.
Le 28 février 2020
22:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrie, idleb, turquie, russie, poutine, bachar el assad | | Facebook | | Imprimer |