Déchets nucléaires : la Cour des comptes s’alarme des problèmes de stockage (04/06/2025)

Article publié dans Reporterre  le 04 juin 2025

Quelque 280 000 m3 de déchets entassés à droite et à gauche, radioactifs pour plus de 100 000 ans… et rien de prévu pour les gérer sur le long terme. Le devenir des déchets de « faible activité à vie longue » (FAVL) est au cœur d’un rapport de la Cour des comptes rendu public le 4 juin, qui estime que cette absence de perspectives expose toute la filière nucléaire à des « risques majeurs ».

La dénomination FAVL regroupe des déchets d’origines et de natures très différentes : déchets bitumés (32 %), déchets de graphite (30 %), déchets dits radifères (29 %) et déchets technologiques (9 %). À l’origine, l’idée était de tous les enfouir à faible profondeur dans la communauté de communes de Vendeuvre-Soulaines (Aube). Las, le projet n’a cessé d’accumuler du retard : alors que sa mise en service était à l’origine prévue dès 2013, le chantier n’a toujours pas commencé et plus aucune échéance n’est évoquée pour sa livraison. Pire, un avis de l’Autorité de sûreté nucléaire de 2020 alertait sur le fait que ce projet de stockage ne pourrait concerner que les déchets radifères.

Recherche de sites adaptés

En conséquence, la Cour des comptes presse l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs d’arrêter au plus vite le schéma global de gestion des FAVL et de lancer la recherche de sites adaptés au stockage des différentes catégories de déchets. Elle appelle aussi à créer un ou plusieurs fonds alimentés par les producteurs de déchets pour financer ces recherches et les études nécessaires au stockage, et de chiffrer au plus vite le coût du centre envisagé à Vendeuvre-Soulaines.

Sinon, c’est toute la filière qui serait exposée à des « risques majeurs » : parmi eux, un renchérissement du coût global du centre de stockage des déchets de Bure si les FAVL y étaient enfouis faute d’alternative, des difficultés à trouver des financeurs privés pour le prolongement ou la construction de réacteurs et un report du démantèlement de certaines installations nucléaires. « Ces éléments remettent en cause la capacité de la filière à gérer l’ensemble de ses déchets et fragilisent la dynamique de relance du nucléaire », tance la Cour des comptes.

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La centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche).

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