L’Élysée persiste dans sa fuite en avant avec le nucléaire (17/03/2025)
Suite au 4e Conseil de politique nucléaire (CPN) qui s’est tenu ce lundi 17 mars, Greenpeace France déplore que l’Élysée persiste dans sa fuite en avant concernant son programme de relance du nucléaire en dépit de tout bon sens économique, industriel et environnemental. Cette relance conduirait à une dépendance toujours plus importante de la France à la Russie pour sa politique énergétique. Près d’un quart de l’uranium enrichi importé par la France en 2024 provenait de Russie, en pleine guerre en Ukraine, pour la fabrication de combustibles pour les centrales nucléaires.
Dans la lignée de la filière EPR qui a vu systématiquement les coûts et les délais de construction de chaque réacteur exploser, notamment à Flamanville, le planning de mise en service du premier réacteur EPR2 à Penly vient d’être décalé de trois ans. Initialement prévue en 2035-2036, elle est passée à 2038.
De plus, la souveraineté de la France en ce qui concerne l’uranium est impossible. Orano, entreprise française spécialisée dans la production et dans la transformation d’uranium, exploite des mines d’uranium uniquement à l’étranger, ce qui entretient la dépendance de la France à des États dont la situation géopolitique est de plus en plus instable. Ainsi, la France collabore aujourd’hui avec Rosatom, entreprise criminelle russe, en totale contradiction avec son soutien affiché à l’Ukraine.
Greenpeace France rappelle qu’en 2024, près d’un quart des importations d’uranium enrichi destiné à la fabrication de combustibles pour les centrales nucléaires provenait de Russie.
La même année, près de la moitié de ses importations d’uranium naturel provenait du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, importations qui transitent par le territoire russe pour atteindre la France et l’Europe. Sans Rosatom, Orano ne pourrait pas recevoir la moitié de la moitié de l’uranium naturel qu’elle a importé en 2024. Le nucléaire empêche l’indépendance énergétique et géopolitique de la France, qui se voit liée au régime de Vladimir Poutine.
Le nucléaire, un vieux rêve d’ingénieur toujours irréaliste
Pour Greenpeace France, ces annonces de l’Élysée relèvent du fantasme, sont totalement irréalistes et déconnectées de la réalité. Déjà dans les années 60, les déclarations des personnalités politiques et des ingénieurs faisaient les mêmes promesses qui ont été des échecs.
« Aujourd’hui, les SMR (petits réacteurs modulaires) n’existent pas et les seules tentatives jusqu’ici ont été totalement insoutenables économiquement. Le développement des réacteurs à neutrons rapides est un vieux rêve d’ingénieur qui est un échec partout dans le monde. Même le Japon démantèle actuellement leur seul réacteur de ce type à Monju. La soi-disant “fermeture” du “cycle” grâce au combustible Mox est un mensonge… D’autre part, il est urgent d’arrêter le retraitement des déchets pour stopper la pollution environnementale gigantesque de l’usine orano La Hague et leur multiplication. L’argent des contribuables doit cesser d’être gaspillé dans cette énergie polluante et dangereuse, non recyclable et hors de prix. » déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France.
« Les dernières années ont montré que la filière nucléaire fait face à de graves défaillances dans plusieurs secteurs : l’usine de fabrication du combustible Mox, les piscines de la Hague, les fissures découvertes dans les tuyaux des réacteurs existants ces dernières années dont la cause n’est pas encore certaine (la corrosion sous contrainte), l’EPR de Flamanville, et maintenant le béton de Penly etc. Au lieu de multiplier les annonces politiques fantaisistes, l’urgence est de s’atteler à résoudre les failles existantes », déclare Roger Spautz, chargé de campagne Transition énergétique.
Des coûts toujours irréalistes
L’Élysée évoque un contrat pour différence sur la production nucléaire à un prix maximal de 100 €2024/MWh alors que le coût de production sera bien supérieur.
D’après les estimations de Greenpeace France, sur la base d’un coût de construction de 79,9 milliards d’euros2023 (pour six réacteurs EPR2), le coût de production, sans soutien financier étatique, serait déjà à plus de 150 euros2023 du MWh.
Plafonner un contrat pour différence à 100 euros du MWh représente un risque financier très important. D’autant plus que les conséquences financières seront supportées par les contribuables français. Le gouvernement et EDF doivent tenir compte des avertissements et des conseils du dernier rapport de la Cour des Comptes et arrêter de s’enfermer dans un déni hallucinant sur la filière nucléaire.
21:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : centrale nucléaire, greenpeace, nucléaire, penly | |
Facebook | |
Imprimer |