Réfugiés en Grèce : la crise évitable (18/04/2016)
Communiqué d'Amnesty International
Avec la fermeture de la frontière avec la Macédoine, les 46 000 réfugiés et migrants qui se trouvent en Grèce continentale y sont bloqués dans des conditions déplorables. Beaucoup d’entre eux sont éligibles pour être accueillis dans d’autres pays européens, mais vue la réticence des autres pays européens à honorer leurs promesses d’accueil, ils risquent de rester piégés et oubliés en Grèce.
PAS DE TOIT
Environ 46 000 réfugiés et migrants, en grande majorité des femmes et des enfants, sont bloqués dans des conditions déplorables en Grèce continentale.
Ils se trouvent dans 31 installations provisoires caractérisées par une surpopulation et une forte promiscuité, qui ne sont pas chauffées et ne disposent pas d’installations sanitaires en nombre suffisant.
En effet, il n’y a que 33 000 places dans ces installations, ce qui fait que 13 000 personnes doivent dormir par terre ou dans des tentes.
Entre 3 000 et 5 000 personnes vivent actuellement dans un camp informel dans le port du Pirée à Athènes, bénéficiant de rares services essentiels fournis par des bénévoles, quelques organisations humanitaires et les autorités portuaires.
"Cela fait deux jours que nous dormons à même le sol, sans couvertures Nous avons des enfants et il n'y a même pas un endroit pour se laver. Nous avons quitté une guerre de missiles pour trouver une guerre de la faim... S'il n'y avait pas de guerre en Syrie, nous ne serions pas venus ici... Ma fille devrait être à l'école... Nous ne sommes pas venus ici pour nous-mêmes mais pour nos enfants. »
H., un syrien arrivé au Pirée avec sa femme et leurs deux filles de 7 mois et 5 ans. Le 29 février, au port du Pirée, Athènes.
PAS D'INFORMATION
Ces personnes manquent d’informations sur leurs droits, sur l’asile et sur ce qu’il va advenir d’elles.
Beaucoup de personnes réfugiées et migrantes interrogées par nos chercheurs espéraient continuer leur périple vers l’Europe de l’Ouest pour y retrouver des membres de leur famille. La plupart ne disposaient guère d’informations sur les solutions s’offrant à elles depuis la fermeture de la frontière macédonienne.
« Pourquoi ne nous laissent-ils pas partir ? Ils veulent qu’on meure ici ? », a demandé un couple de septuagénaires originaires d’Alep qui campaient à Idomeni. « Il fait froid et nous [vivons] les uns sur les autres. »
De plus, les personnes particulièrement vulnérables ne sont pas repérées et prises en charge correctement. Des enfants non accompagnés ont été détenus dans des postes de police pour des durées pouvant atteindre 15 jours, jusqu’à ce qu’ils puissent être transférés dans un foyer pour mineurs.
« Ils m’ont donné un papier. Ils m’ont dit qu’il est noté que j’ai un mois pour quitter la Grèce. Je ne sais rien sur l’asile. Je veux aller à Idomeni. En Afghanistan, il n’y pas d’espoir de vivre », nous a expliqué un jeune Afghan de 16 ans.
PAS D'ISSUE
Les réfugiés et migrants qui sont arrivées en Grèce après le 20 mars, date d’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, sont détenus sur les îles grecques. Cependant ceux qui sont arrivés avant cette date doivent faire face à une autre forme de rétention.
La frontière au nord est fermée, bloquant ainsi l’itinéraire passant par l’ouest des Balkans. Ils ne peuvent ni avancer, ni retourner en arrière. Compte tenu de la crise humanitaire et de l’absence d’information, les obliger à rester en Grèce est inconcevable.
L'EUROPE DOIT ACCUEILLIR LES RÉFUGIÉS PIÉGÉS EN GRÈCE
Les ressortissants de certaines nationalités, notamment les syriens, les irakiens et les érythréens, peuvent être admis dans d’autres pays européens par le biais de la relocalisation.
Sur les 66 400 demandeurs et demandeuses d’asile que l’UE s’était engagée à relocaliser depuis la Grèce en septembre 2015, seuls 615 ont été transférés dans d’autres États membres, selon des informations rendues publiques par la Commission européenne le 12 avril.
Demandez aux responsables des Etats membres d’accueillir plus de réfugiés bloqués en Grèce SIGNEZ
Les États européens n’ont fait qu’exacerber la crise en n’agissant pas de manière décisive pour aider à relocaliser les dizaines de milliers de demandeurs d’asile bloqués en Grèce, dont la majorité sont des femmes et des enfants.
Si l’UE n’honore pas de toute urgence ses promesses en termes de relocalisation et n’améliore pas les conditions de vie pour ces personnes livrées à elles-mêmes, elle sera confrontée à une catastrophe humanitaire qu’elle aura contribué à déclencher.
23:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : grece, syrie, réfugiés, amnesty international | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Le gouvernement Léon Blum avait accueilli les réfugies espagnols . Le pape a pris quelques réfugiés pour ouvrir les yeux de la communauté européenne . Et nous , La France ?
La future élection présidentielle accapare nos politiques , plus préoccupés par les sondages et leur égo que du sort de ces malheureux . En plus sous une gouvernance qui se réclame de Gauche .
Écrit par : Jean-Jacques | 19/04/2016