Collèges ruraux : ce n'est pas seulement Le Chesne que l'on abat, Buzancy aussi ! (19/02/2014)
La semaine dernière, le conseil d'administration du collège multi-site Vouziers Le Chesne a voté la fermeture du site de Le Chesne (voir notre note).
Dans la foulée, le conseil d'administration du collège multi-site Buzancy-Grandpré vient de voter la fermeture du site de Buzancy. Cette décision a été prise à une large majorité des membres du CA. Il faut savoir que la représentation du canton de Grandpré est largement surévaluée au sein du CA (personnalités extérieures par exemple).
Cette succession de votes n'est pas qu'une coïncidence, elle dénote un changement de tactique de la part des responsables académiques. Le vote d'une instance réglementaire est plus difficile à contester que la décision unilatérale du DASEN. Celui-ci peut jouer les Ponce Pilate et déclarer : voyez, ce n'est pas moi qui ai imposé quoi que ce soit, ce sont les personnes du terrain qui ont choisi.
Sauf que les gens du terrain n'ont aucune prise sur les dotations en personnel. Et quand on constate qu'il est quasi impossible de fonctionner sur deux sites, quel choix reste-t-il, si ce n'est ne pas participer à cette parodie de démocratie ?
Le DASEN doit avoir un large sourire: il a réussi à imposer les fermetures qu'il souhaitait, en passant allégrement sur les promesses de concertation faites par les représentants du ministre.
Cette victoire est bien amère, avant tout pour ceux qui ont mené la mobilisation contre la disparition des collèges ruraux depuis plus d'un an.
Elle est aussi dramatique pour les territoires touchés : ces cantons fragiles perdent encore un point d'ancrage, et risquent de couler encore plus rapidement. La solidarité du Conseil Général et de la Communauté de Communes a été totalement inexistante, ce qui va laisser des traces sur le long terme. Un effet boule de neige risque de se produire dans les deux chefs lieu de canton : quel avenir pour les écoliers du primaire, comment les transports vont-ils fonctionner, comment attirer ou maintenir une population sur place ?
Les "gagnants" ne sont guère mieux lotis. Grandpré reste un très petit collège par le nombre d'élèves et sera vite dans le collimateur des autorités académiques. Vouziers ne sera un bourg centre que s'il existe une périphérie, et à ce petit jeu, c'est le lycée qui risque d'être rapidement sur la sellette.
On voit bien que les perdants sont nombreux, la démocratie et le monde rural en premier. Quand aux gagnants, il serait utile qu'ils se posent des questions (sans même parler de simple solidarité) : quels sont les bénéfices concrets de ces décisions pour notre canton, qu'avons nous obtenu de mieux pour l'avenir de notre propre territoire ?
Manifestation en mai 2013 pour le collège de Le Chesne (photo L'An Vert D.R.)
21:20 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : collèges ruraux, dasen, buzancy, grandpré, le chesne, vouziers, fermeture de collèges | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Un conseil d'administration ne peut fermer un collège.
Un conseil d'administration n'a pas compétence pour décider d'ouvrir ou de fermer un collège.C'est l'Etat qui a ce pouvoir et qui l'exerce par ses représentants départemental(Dasen) et régional(Recteur). Le Ca exprime un avis, il approuve ou désapprouve cette décision.Il est vrai-et navrant- de constater que le soutien des conseils d'administration du Chesne(et non de le Chesne) et de Buzancy cautionne ce coup bas porté à la ruralité de l'Argonne ardennaise déjà si fragile.Il est curieux que ces conseils aient pu se prononcer ainsi sans avoir reçu la moindre assurance sur le sort réservé aux enfants de ces établissements, à leurs personnels,sur le devenir des bâtiments et des matériels, sur les conditions dans lesquelles les élèves poursuivront leur scolarité en 2014-2015.À Louvergny, à Jonval,des pancartes refusaient, par avance, les transports trop fatigants pour les enfants. Qu'en sera-t-il, en fin de compte? Les élus locaux, dans leur globalité, doivent se sentir vraiment méprisés dans cette affaire.Pour la population, le prochain scrutin des Municipales ,reste un moyen d'expression.
Écrit par : michel Coistia | 19/02/2014
Dans un collège multi-site, il est possible de réorganiser les enseignements en regroupant les élèves sur un seul site. Le collège ne ferme pas, le nom du multi-site peut même demeurer, mais un des deux sites n'est plus utilisé .
Écrit par : lanvert | 19/02/2014
La décision du Conseil d’Administration du collège de Buzancy-Grandpré n’est pas une grande surprise, en juillet 2013 ce même CA avait voté des modifications importantes de l’organisation qui laissaient facilement deviner l’avenir du site de Buzancy. Le regroupement des enseignements à Vouziers décidé le 13 février dernier nous a stupéfiés. Les conditions de préparation de ce vote posent de nombreuses questions, divers recours sont envisagés qui apporteront peut être des réponses.
L’amertume, mère du ressentiment, est grande. Devons nous pour autant abandonner toute espérance ? Devons nous seulement vitupérer les uns ou les autres ? Devons nous recuire notre colère dans le chaudron du désenchantement ? S’agissait-il d’un jeu ou d’une guerre puisqu’il y aurait des gagnants et des perdants ? Pouvons-nous changer de regard ?
Sauf modifications, imprévisibles aujourd’hui, l’arrondissement de Vouziers, qui n’est pas encore un désert, comptera 3 collèges publics à la rentrée de septembre 2014 : Vouziers, Grandpré et Attigny. Des établissements voisins : Juniville, Raucourt, Villers-semeuse, Stenay pourraient également accueillir des collégiens.
Pendant que nous sommes tentés par la poursuite de l’affrontement, des familles attendent de savoir où, comment et pour y faire quoi, leurs enfants iront au collège dans quelques mois. Cette incertitude, jointe à l’extrême tension qui exige que chacun prenne une position radicale sous peine d’anathème, est le danger réel et certain auquel nous sommes exposés.
Si la défense de notre territoire nous a uni ces derniers mois pour lutter contre ce qui maintenant est advenu, que cette même volonté nous garde unis pour lutter pour ce que pourrait être demain.
Demandons au Conseil Général des propositions rapides, claires et concrètes concernant les transports, exigeons d’y être associés.
Demandons à l’Education Nationale de manifester par des actes tangibles son souci de l’intérêt des élèves en s’engageant sur les enseignements qu’elle offrira aux enfants du territoire, sur la garantie que cette réorganisation n’est pas un simple calcul administratif mais une véritable et durable plus value éducative.
Ne nous laissons pas aller aux joies morbides de la délectation morose, du déclin annoncé et fatal, de l’apitoiement stérile, des vengeances et des rancœurs. Rien n’est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d’espérer.
Écrit par : Frédéric Mathias | 20/02/2014
L'ordre du jour du CA mentionnait, le premier point: préparation de la rentrée 2014-2015!! Comme dit l'An Vert, le fait que c'est un multi-site, tout est possible(fermeture de classes, déplacement des élèves, fermeture d'un site etc...)
Ce qui est dramatique, c'est que le DASEN répond: pour les transports, ce n'est pas moi, c'est le Conseil Général, pour les primaires qui mangeaient au collège: ce n'est pas moi, c'est la commune, donc rien n'a été prévu, les parents d'élèves ainsi que les élus sont en colère, car il devait y avoir des commissions qui devaient se mettre en place pour étudier tous ses problèmes!! Bien sûr pensons aux emplois qui travaillaient sur ces sites, où vont-ils aller?
Et maintenant à qui le tour? peut-être Liart....
Écrit par : fr.Potronf | 20/02/2014
Ce qui est frappant dans les deux cas , c'est que ce sont des administrateurs , parents , professeurs ou élus qui décident de fermer
La solidarité entre ruraux dans des territoires aussi menacés devrait être sans faille , il fallait laisser l'état prendre ses responsabilités
Le DASEN tant décrié doit être content , il n'a rien fermé il a juste donné les conditions nécessaires pour aboutir aux fermetures , mais cet homme n'agit pas seul il est bien sous les ordres d'un ministre de gauche ...... son action est donc validée par le gouvernement
Il reste à savoir ce que vont dire et faire les élus de gauche comme de droite juste avant les élections , il est bien possible que la population elle réagisse aux prochains scrutins.
Et puisque les élus locaux sont mis devant le fait accompli , il faut laisser à l'état l'organisation des prochains scrutins dans les cantons concernés et ainsi répondre au mépris par le mépris
Écrit par : rejane | 20/02/2014
Colère mais pas désespérance!
La colère que j'ai pu exprimer n'est pas synonyme de découragement, bien au contraire. Mais il faut bien admettre qu'une décision aussi lourde que la fermeture d'un collège doit bien résulter d'une réflexion complète qui engage tous les partenaires concernés et non pas l'inverse, la décision qui oblige à trouver des réponses aux problèmes engendrés sans que ces dernières soient forcément acceptables. La question " de la taille supportable, viable " d'un petit collège argonnais, méritait d'être posée.Elle est au cœur des réflexions en zones montagnes ou même il faut y ajouter l'existence d' internats. Ces singularités "géographiques" ne peuvent s'inscrire dans un cadre de travail basé sur des critères et des références nationaux. Un cahier des charges adapté à la situation locale pouvait définir les conditions à satisfaire pour rendre possible une évolution-un jour inéluctable- de la cartographie des collèges locaux. C'était sans doute l'objectif des commissions de travail promises.Mais le temps presse et la concertation n'est pas instantanée alors...Les collèges constituent bien une question d'aménagement du territoire qui pouvait-ou devait même - être débattue-au moins au niveau de la méthode de résolution- au sein de la 2C2A. Quand une collectivité affirme haut et fort une volonté, elle risque d'être entendue! Pour ne pas désespérer , pour ne pas décourager, il faut nécessairement proposer, construire, créer, bâtir, faire vivre... On s'y met?
Écrit par : m.coistia | 20/02/2014
Encore une fois, je vous le dit le Président de la 2c2a Signoret, a voté la fermeture de Buzancy, dans un mail que j'ai trouvé, il écrit, je voterai la fermeture de Buzancy car la population de Buzancy n'a pas manifesté, lorsque le crédit agricole de Grandpré a fermé... chercher l'erreur????
Je défends les services publiques et non les banques privées. Francis Potron.
Écrit par : fr.Potronf | 20/02/2014
et ce triste personnage Monsieur Signoret va de nouveau se présenter comme maire et comme candidat à la présidence de la 2 C2A et en plus être élu.?......chercher l'erreur???? d'un autre côté si la population n'utilise pas son bulletin de vote en Mars , c'est qu' elle en redemande et que la situation lui convient
Écrit par : rejane | 21/02/2014
Au milieu d'un triste océan de démagogie, d'une chasse indigne aux responsables, de destructrices récupérations politiques et de stériles règlements de comptes, les propos de Frédéric Mathias font, je l'avoue, beaucoup de bien. Ce sont ceux que je répète également et inlassablement depuis des années, concernant de très nombreux sujets et difficultés auxquels notre territoire doit faire fasse. Cessons de subir et de nous plaindre. Arrêtons de nous accrocher à un monde et à des modes de vies qui n'existent plus, voire pour certains n'ont jamais existé. Mettons fin aux divisions qui nous ralentissent et nous empêchent d'avancer. Restons vigilants quant aux évolutions de société qui se préparent inéluctablement, afin de pouvoir anticiper leurs répercussions concrètes sur nos vies quotidiennes. Soyons force de proposition et d'action chaque fois que des difficultés apparaissent plutôt que de laisser d'autres s'en charger pour nous. Par exemple, concernant ces fermetures de sites, au-delà de la disparition des locaux, le problème des transports de nos jeunes a été évoqué à de nombreuses reprises. Tout le monde est d'accord, des parents d'élèves aux représentants du Conseil Général, en passant par les personnels, élèves et enseignants, sur le fait que la "carte scolaire" des collégiens est aberrante et que les circuits de ramassage n'ont ni queue, ni tête. Soit, et bien si la gestion de ces sujets à l'échelle départementale s'avère inefficace et trop éloignée des réalités du terrain, proposons au Conseil général de la prendre en charge au niveau intercommunal par le biais d'un conventionnement ou par la création d'une structure ad hoc. Il y a tellement d'autres sujets sur lesquels nous pourrions agir, à conditions bien sûr d'avoir des représentants engagés, actifs et efficaces et une solide intercommunalité prête à échanger et travailler avec la société civile.
Écrit par : Frédéric Courvoisier-Clément | 22/02/2014
Les faits et les espoirs.
Fréderic Courvoisier nous parle de quelque chose qui n'existe pas encore et qu'il faut donc inventer.Mais sa logique, positive, constructive, n'est pas celle qui est en vigueur. Où seront scolarisés les enfants de Marquigny, de Jonval, de Louvergny? La question méritait d'être posée avant de décider de rayer de la carte tel collège qui les accueillait jusqu'alors dans des conditions acceptables. Si la carte scolaire et celle des ramassages sont aberrantes, alors pourquoi ne pas les avoir réformées? Qui a empêché ou n'a pas engagé cette réflexion? Qui a considéré que ces questions n' étaient pas discutables? qui a dit que ces questions appartenaient à des domaines réservés? La réforme des rythmes scolaires illustre bien cette façon de faire de l’État? Il décide et ensuite aux "autres" d'assumer la mise en œuvre de sa décision même si application est impossible ou chaotique. Il existe une pédagogie de la concertation, de l'analyse de projet. Pourquoi l'ignore t-on? Le Préfet est venu tenir à Vouziers une réunion sur l'avenir de la ruralité. Et après? Rien, Rien de Rien! Une nouvelle répartition des compétence que propose Fréderic ne sera pas en adéquation avec les ressources financières de leur mise en œuvre.C'est une refonte totale de la décentralisation qu'il faut envisager, et ce n'est pas simple. Bon courage!
Écrit par : michel Coistia | 22/02/2014
Ce qui est scandaleux dans cette histoire de fermeture de collèges, au mois de juillet au rectorat devant une quarantaine de personnes, élus, parents d'élèves, l'administration de l'éducation nationale, représentants de l'état(préfet, sous-préfet)... Le directeur du cabinet et le chef du cabinet du ministre ont décidés de mettre des groupes de travail représentant les élus du territoires, les collectivités territoriales, les fédérations de parents d'élèves, les syndicats d’enseignants pour alimenter une réflexion et redéfinir le réseau des collèges du département. Aucun groupe de travail n'a été mis en place, aucun diagnostic et préconisation n'a été formulé à ce jour..
Aucune promesse n'a été tenu...
Comment peut-on faire confiance à l'avenir!!!!!
Écrit par : fr.Potronf | 23/02/2014
visiblement c'est toujours la même chose
Les promesses n'engagent que ceux qui y croient
Après comment s'étonner que la population rejette ce mode de fonctionnement , être mis devant le fait accompli une fois , deux fois .... s'impliquer pour un projet , oui mais là c'est le meilleur moyen de décourager tout le monde.
Sur des sujets aussi graves pourquoi ne pas écouter la population , l'interroger, au moins ouvrir le débat et organiser le travail en amont des décisions.
Si l'organisation de notre territoire doit évoluer , il faut associer au maximum les habitants et non décider contre eux de ce qui est bien pour leur vie quotidienne.
Écrit par : rejane | 23/02/2014