Expérimentation du RSA sous conditions : ATD Quart Monde réitère ses inquiétudes (03/01/2023)

Communiqué de presse  d'ATD  de décembre 2022

Alors que le gouvernement vient d’annoncer la liste des départements où sera expérimenté le RSA conditionné à des heures d’activité hebdomadaire, ATD Quart Monde souhaite faire part des risques d’un tel projet et de ses doutes quant à son efficacité.

Une stigmatisation croissante des allocataires du RSA.

Le gouvernement, en mettant en place un parcours intensif dédié aux seuls allocataires du RSA parmi l’ensemble des demandeurs d’emploi vient stigmatiser davantage encore les plus pauvres, laissant entendre qu’ils ne chercheraient pas d’emploi. L’engagement à nos côtés de nombreuses personnes allocataires du RSA et les expérimentations comme Territoires zéro chômeur de longue durée ou celle menée par ATD Quart Monde pour accompagner des personnes en grande précarité vers des formations du secteur de l’animation sociale montrent tout le contraire.

L’idée avancée par certains responsables politiques que le « plein-emploi » ne dépendrait que de la motivation des personnes privées d’emploi ne tient pas. La réalité est telle que, trop souvent, bien que s’inscrivant dans des dynamiques de recherche d’emploi ou de formation, les personnes les plus éloignées du monde du travail se heurtent à de nombreux obstacles : garde d’enfants, mobilité, problèmes de logement et/ou de santé, offres d’emploi décent inexistantes sur certains territoires, discriminations… Sans mesures pour lever ces freins, l’échec de l’expérimentation risque de se retourner une nouvelle fois contre les bénéficiaires du RSA, renforçant les préjugés.

Accompagnement : oui à la confiance, non à la contrainte !

ATD Quart Monde plaide depuis toujours pour l’instauration d’un accompagnement global renforcé : nous croyons profondément à l’accompagnement, quand il est fondé sur la confiance, la reconnaissance des talents et des ressources des personnes, et non pas sur la contrainte et la peur.

Cet accompagnement ne peut être basé sur des objectifs comptables et quantitatifs. D’autant que l’offre d’insertion et de services de proximité existante est bien en deçà des besoins, notamment dans les territoires ruraux. ATD Quart Monde s’inquiète également des possibles sanctions quant à la non-réalisation de ces heures et aux dérives arbitraires que vient apporter la notion « d’empêchement légitime », mentionnée dans les documents de préfiguration de France Travail.

Enfin, un accompagnement de qualité nécessite des moyens humains et financiers suffisants, une question qui reste encore floue dans le cadre de cette expérimentation. Or, rappelons que le budget consacré à l’insertion des allocataires a drastiquement baissé, passant en 20 ans de 20 % à 7 % du budget dédié au RSA, selon l’ODAS.

Une méconnaissance des conditions de vie des personnes concernées.

Aujourd’hui le RSA pour une personne seule est de 598,54 €. Un montant bien en dessous du seuil de grande pauvreté, qui ne permet pas de vivre dignement, mais tout juste de survivre. Demander davantage de contreparties au versement du RSA, sans garantir l’amélioration des conditions de vie, c’est s’éloigner toujours plus d’un droit inconditionnel à disposer de « moyens convenables d’existence », consacré par la Constitution et indispensable à la dignité humaine. Institutionnaliser davantage les sanctions, c’est accroître l’insécurité et l’inquiétude chez les uns, le non-recours aux droits chez les autres.

C’est pourquoi, à ce stade, ATD Quart Monde demande :

 

Plus largement, ATD Quart Monde appelle à :

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Dessin de Deligne

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