Russie : des représailles contre les journalistes qui couvrent les manifestations  (25/11/2022)

Communiqué publié par Amnesty International le 24.11.2022

Arrestations, violences, détentions, lourdes amendes… les autorités russes empêchent les journalistes, observateurs et observatrices indépendants de rendre compte des manifestations. Analyse des méthodes employées.

Informer et manifester : deux droits fondamentaux toujours plus restreints en Russie. Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les restrictions se sont intensifiées et la répression du mouvement anti-guerre rend pratiquement impossible toute manifestation publique et tout partage d’informations. 

Notre nouveau rapport intitulé Russie. « On va forcément t’arrêter » : Représailles contre les journalistes et les personnes qui observent les manifestations, recense des dizaines de cas d’entrave au travail des journalistes et des observateurs lors des manifestations publiques. 

« On va forcément t'arrêter»  

Ces dernières années, les autorités russes ont mis sur pied un arsenal de lois limitant drastiquement la liberté d’expression. Un système judiciaire qui multiplie les risques auxquels s’exposent les observateurs, les journalistes et les autres professionnels des médias rendant compte des rassemblements publics. 

Parmi les méthodes employées : l’arrestation. Les autorités ont déconseillé aux professionnels des médias de participer à des manifestations annoncées et ont arrêté arbitrairement des journalistes avant, pendant et après des rassemblements dont ils s’étaient fait l’écho.  

Si tu parles,tu seras poursuivi

Les représailles contre les professionnels des médias se sont intensifiées après l’invasion de l’Ukraine. Plusieurs journalistes et blogueurs ont été poursuivis pour « diffusion de fausses informations sur les forces armées russes  », une infraction intégrée dans une nouvelle loi promulguée à la hâte le 4 mars 2022.  

La justice russe a également condamné des médias et des journalistes qui avaient publié des informations sur la guerre en Ukraine pour une « infraction » nouvellement entrée en vigueur, celle de « discréditer l’utilisation des forces armées russes à l’étranger ». Au titre de cette nouvelle loi, toute information diffusée par un média contenant un message contre la guerre peut donner lieu à des poursuites. 

En juin et juillet 2022, le média indépendant d’Ekaterinbourg Vetchernié Vedomosti et son éditrice, Gouzel Aitkoulova, ont reçu une amende de 450 000 roubles (7 240 dollars) pour la publication d’une photo en partie floutée d’un autocollant contre la guerre et d’autres visuels contre l’invasion. 

Les journalistes fuient le pays

Les médias indépendants font l’objet de constantes menaces des autorités russes. L’objectif étant d’empêcher la publication d’informations et l’organisation de manifestations anti-guerre. Les attaques contre les organes de presse indépendants couvrant l’invasion de l’Ukraine et les militants du mouvement anti-guerre ont poussé des centaines de journalistes à fuir la Russie. La célèbre chaîne de télévision TV Rain et le journal historique Novaïa Gazeta ont eux aussi été contraints de cesser leur activité. Les autorités ont fermé la station de radio Ekho Moskvy, qui servait de tribune à certaines des voix les plus critiques en Russie. Mais ces médias résistent. Plusieurs de ces équipes médias ont dû chercher d’autres manières de travailler pour informer le public russe.

Les lois répressives qui limitent la liberté d’expression et menacent chaque jour un peu plus les journalistes et la société civile russe doivent être abolies. Informer et manifester : nous continuerons d’alerter, d’enquêter et d’agir pour que ces droits soient respectés en Russie.  

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