Sommet de l’aviation : nouvelle séance de promotion des fausses solutions ? (27/01/2022)

Communiqué de Greenpeace le 27 janvier 2022

 

Les 3 et 4 février prochains, à l’initiative de la Présidence française de l’Union européenne, les ministres et directeurs généraux de l’aviation civile des 27 États membres de l’Union européenne sont invités à un Sommet de l’aviation pour parler avenir et décarbonation du secteur aérien dans le contexte de crise sanitaire et climatique. Si cette réunion devrait être l’occasion d’avancer sur la nécessaire transformation du secteur à l’échelle européenne, elle risque de tourner autour des fausses solutions et notamment de l’obsession du gouvernement français pour le mythe de l’avion vert. Décryptage.

Des pistes qui méritent d’être débattues et portées à l’échelle européenne

La régulation du trafic aérien est indispensable pour mettre le secteur sur les rails de l’accord de Paris. Ce postulat devrait être le point de départ des discussions du sommet de l’aviation. Cela permettrait d’évoquer les solutions concrètes à déployer pour réduire dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre du secteur, et d’ouvrir un débat sur cet enjeu de la réduction du trafic aérien à l’échelle européenne, ce qui est essentiel.

Et ces solutions concrètes ne manquent pas : interdiction des vols courts lorsqu’il existe une alternative en train de moins de 6 heures et relance du ferroviaire, abandon de tous les projets d’extension d’aéroports, remise à plat de la fiscalité portant sur ce secteur au bénéfice d’autres modes de transport moins polluants comme le train, interdiction des publicités, partenariats et mécénats pour les transports fossiles, restriction des créneaux aéroportuaires alignée sur l’accord de Paris…

De fausses solutions qui retardent l’action climatique

En France, le gouvernement, par la voix du ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari, préfère tout miser sur l’innovation technologique et la promesse d’un avion vert. Mais pendant que la recherche avance, le trafic aérien, lui, continue d’augmenter. Selon l’Association du transport aérien international (IATA), il devrait encore doubler d’ici 2037.

Parmi les pistes envisagées, on retrouve par exemple l’avion fonctionnant aux agrocarburants ou l’avion à hydrogène. Greenpeace a fait le point sur les différentes options et listé les principaux points de vigilance. Au-delà des problématiques propres à chaque option technologique, l’avion “vert” ne pourra pas absorber le volume et la croissance du trafic aérien pré-Covid, ni être déployé dans les délais nécessaires pour le climat, à l’instar de l’avion à hydrogène, qui ne sera pas disponible au mieux avant 2035 selon Airbus.

« Tout miser sur l’avion vert et les innovations technologiques est irresponsable ! Pour être crédibles sur leur volonté de limiter le changement climatique, les ministres européens des transports doivent absolument se saisir de la nécessaire régulation du trafic aérien : c’est ce que l’on attend de la part de décideurs raisonnables et responsables. Mais que peut-on espérer d’un sommet organisé par le gouvernement français, obsédé par le retour à la croissance du trafic et le solutionnisme technologique et incapable de prendre sérieusement en compte l’enjeu de sobriété ? Un énième coup de communication, une énième opération de greenwashing ? », s’interroge Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports à Greenpeace France.

Un sommet sur fond de lobbying et d’inaction politique

Ce sommet se tient également dans un contexte tout particulier : suite à une offensive et des plaintes du lobby de l’aérien contre la mesure française, déjà très faible, d’interdire les vols réalisables en train en moins de 2h30, la Commission européenne a récemment annoncé ouvrir une enquête sur cette disposition de la loi Climat, afin de décider si elle s’y oppose ou pas. En pleine crise climatique, il faut donc composer avec le manque cruel d’ambition du gouvernement français sur le sujet aérien, les manœuvres dilatoires des responsables du secteur et le risque d’une décision européenne qui enverrait un signal catastrophique contre la régulation du transport aérien. Dans ce contexte, un sommet de l’aviation qui serait conçu comme une nouvelle séance de promotion des fausses solutions du secteur serait particulièrement malvenu.

Pour ne rien arranger, s’il est indiqué que le sommet associera des acteurs du transport aérien, pour le moment rien n’indique que la voix des organisations de la société civile et des collectifs de salariés et d’étudiants du secteur qui demandent une limitation du trafic aérien et une anticipation de ses conséquences sociales sera, elle, prise en compte.

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