Méditerranée : contrôler les émissions pour mieux lutter contre la pollution (07/12/2021)
Alors que s’ouvre ce mardi 7 décembre la COP 22, une mesure forte doit être adoptée par les pays membres signataires de la Convention de Barcelone : la mise en place d’une zone de contrôle des émissions de soufre (SOx) en mer Méditerranée (SECA, pour Sulfur Emission Control Area). Un premier pas encourageant dans la lutte contre la pollution de l’air liée au transport maritime en Méditerranée, mais qui doit être complété par une zone de contrôle des émissions de dioxyde d’azote (NOx) ou NECA (Nitrogen Emission Control Area) pour une efficacité maximale pour la santé, l’environnement et le climat.
250 millions de personnes concernées par la pollution maritime
Les émissions d’oxyde de soufre, d’oxyde d’azote et de particules (ultra)fines provenant du transport maritime constituent une menace importante pour la santé humaine, mais aussi pour l’environnement et le climat. Dans la région méditerranéenne, les émissions des navires contribuent considérablement aux niveaux d’émission ambiants dans une région qui compte près de 250 millions de personnes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a relevé que les niveaux moyens annuels d’émissions dans la région étaient souvent cinq fois plus élevés que les niveaux recommandés.
Par ailleurs, 70% des villes du pourtour méditerranéen présentent eux aussi des niveaux de pollution bien plus importants que ceux recommandés par l’OMS. Chaque année, la pollution liée au transport maritime engendre près de 60 000 décès prématurés dans le monde. A l’échelle de l’Union européenne, le coût sanitaire avoisine les 60 milliards d’euros annuels.
10 000 vies sauvées d’ici 2050 grâce aux zones de contrôle des émissions atmosphériques
Faire de la Méditerranée une zone à émissions contrôlées pour le soufre (SECA) permettrait de réduire substantiellement les émissions de ce polluant. C’est l’un des enjeux de la COP 22 qui se déroule actuellement à Antalya, en Turquie, du 7 au 10 décembre.
Toutefois, les mesures envisagées ne prennent pas en compte les émissions d’oxyde d’azote, un polluant toxique pour la santé et précurseur d’ozone, puissant gaz à effet de serre. Or ces émissions sont susceptibles de continuer à augmenter dangereusement.
Seul un contrôle combiné de ces deux polluants serait véritablement efficace : les simulations de l’étude ECAMED montrent qu’une telle mesure permettrait une baisse significative des émissions d’azote (jusqu’à 70%) ainsi qu’une augmentation de 40% du nombre de décès prématurés évités. L’Algérie, l’Egypte, l’Italie, la Grèce et la Turquie en seraient les premiers bénéficiaires.
Une zone de contrôle des émissions atmosphériques combinée (SECA+NECA) pourrait d’ici 2050 sauver près de 10 000 vies dans la région méditerranéenne, notamment en Afrique du Nord. Pour le contrôle des émissions en Méditerranée, les estimations des bénéfices économiques atteignent jusqu’à 10 milliards par an en 2030. En 2050, on atteint même les 30 milliards par an, soit 12 fois le coût engagé.
Tous ces résultats et projections témoignent de la nécessité, pour la santé et l’environnement, de faire de la Méditerranée une zone d’émissions contrôlées à la fois pour le soufre et pour le dioxyde d’azote.
Selon Sylvie Platel, coordinatrice du réseau Santé Environnement de France Nature Environnement : «Nous nous félicitons de la décision des Etats méditerranéens de créer une zone SECA, mesure que nous défendons depuis des années au sein d’une coalition d’ONG européennes. C’est un grand pas en avant vers un air plus pur. Toutefois, seule une zone de contrôle combinée, réglementant à la fois les émissions de soufre et d’oxyde d’azote, permettra de maximiser les avantages pour la santé. Plus de 4000 décès annuels pourraient être évités d’ici 2030. Ne mettre en place qu’une seule des deux mesures revient à combattre un incendie avec un seau d’eau au lieu d’utiliser une lance à incendie.»
France Nature Environnement, aux côtés d’une coalition d’ONG européennes, demande aux pays signataires de la convention de Barcelone de faire preuve d’ambition dans les prochaines étapes et de rapidement convenir d’une réglementation sur l’oxyde d’azote pour les navires en Méditerranée, afin de protéger efficacement la santé des personnes, l’environnement et le climat.
Associations partenaires : NABU, Cittadini per l’Aria, Birdlife Malta, Birdlife Greece, Ecologistas en acción, ZERO Portugal.
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