Planter des arbres pour compenser nos émissions de CO2 : décryptage d’un phénomène de mode (26/03/2021)

Entreprises, communes, personnalités politiques, particuliers… Pas un jour ne passe sans l’annonce d’un projet de plantation d’arbres pour compenser nos émissions carbone. Si on peut se réjouir de cet engouement, et d’autant plus en cette période de crise sanitaire, que valent réellement ces projets ? France Nature Environnement fait le point.

Pourquoi parle-t-on de « compensation carbone » ?

La compensation carbone repose sur un principe simple : les gaz à effet de serre ont des effets globaux sur le réchauffement planétaire, une tonne de CO2 émise en un endroit pourrait donc être annulée par une tonne de CO2 absorbée ailleurs.

La plantation d’arbres figure parmi les principaux mécanismes de la compensation. Les arbres, qui absorbent durant leur croissance le CO2 présent dans l’atmosphère et le stockent, constituent en effet de véritables réservoirs. Les forêts sont d’ailleurs le premier puits de carbone terrestre. En France, elles séquestrent près de 20 % de nos émissions[1].

En plantant des arbres –et donc en stockant du carbone– en un endroit, il serait alors possible de compenser les émissions de nos déplacements en voiture ou en avion par exemple. Mais ce système peut-il vraiment permettre d’enrayer les émissions planétaires ?

Comment éviter le greenwashing ?

La compensation carbone peut rapidement devenir une excuse pour continuer à polluer. Une entreprise classée parmi les plus gros pollueurs mondiaux ne peut se contenter de financer un projet de plantation : elle doit avant tout chercher à réduire significativement ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Et ce pour trois raisons au moins :

1. La démarche de compensation est insuffisante seule : il est impossible de compenser tous nos modes de vie (il faudrait planter des arbres sans fin !). La compensation doit s’intégrer à une démarche globale où éviter et réduire les émissions de carbone sont les principales priorités.

2. Alors que les émissions de GES ont lieu aujourd’hui, la séquestration de CO2 par la plantation d’arbres se fait progressivement, au cours de la croissance des arbres, soit sur plusieurs décennies. Or c’est maintenant qu’il faut réduire nos émissions, et non dans 30 ans.

3. Tout projet forestier est soumis à des risques : que se passera-t-il si dans 25 ans la forêt nouvellement plantée est brûlée dans un incendie ? Tout le carbone stocké repartira dans l’atmosphère et la compensation effective sera nulle.

C’est pourquoi nous pensons qu’il est préférable de parler de « contribution carbone » plutôt que de compensation. Un projet de plantation d’arbres ne permet pas de compenser les émissions d’une entreprise ou d’un particulier mais contribue à atteindre la neutralité carbone d’un territoire.

Enfin, un autre écueil majeur serait d’en oublier les forêts existantes et leur rôle dans l’atténuation des changements climatiques. Trop rares sont les entreprises finançant des programmes de conservation, de restauration ou de recherche sur les forêts. Et pourtant, on observe déjà en France les effets du réchauffement climatique sur les forêts. Le véritable enjeu réside dans le maintien ou la restauration des écosystèmes forestiers en place.


[1] Commissariat général au développement durable,EFESE - La séquestration de carbone par les écosystèmes en France, La Documentation française (éd.), coll. Théma Analyse, 2019 (epublication).

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