Mortalité des abeilles : les apiculteurs ont besoin d’un soutien fort pour continuer leur métier (03/05/2018)

03.05.2018 La Confédération paysanne soutient la marche organisée cette semaine en Bretagne pour dénoncer les effets nocifs des pesticides sur les abeilles et la situation désespérée des apiculteurs et apicultrices. Ce convoi mortuaire de ruches finira son trajet à Rennes, ce vendredi, devant la chambre d'agriculture régionale où la Confédération paysanne sera présente.

Depuis plus de 20 ans, les apiculteurs et apicultrices dénoncent les effets délétères des pesticides systémiques. Ce printemps, ils sont nombreux à constater une hécatombe de leurs colonies. Les pertes sont comprises entre 50 et 100% des cheptels, ce qui est intolérable !

Les hypothèses avancées pour expliquer cette hécatombe sont le butinage à l'automne sur cultures dérobées à fleurs implantées après une céréale traitée néonicotinoïde mais aussi le traitement de colza au printemps avec néonicotinoïde associé à un pyréthrinoïde. Comment se fait-il qu'il ne soit toujours pas interdit d'implanter une culture dérobée à fleurs derrière une culture de céréale enrobée néonicotinoïde, les fleurs devenant alors un piège mortel pour les pollinisateurs ? Il est incompréhensible que dans le cadre de l'Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l'abeille mellifère (OMAA), l'État ait jusqu'à présent refusé de procéder aux analyses toxicologiques nécessaires pour confirmer ou infirmer ces hypothèses.


Le 1er septembre prochain, l'interdiction des néonicotinoïdes doit entrer en vigueur en France. Dans le même temps, le gouvernement examine la possibilité de délivrer des dérogations pour certains usages entre 2018 et 2020. La France, qui a voté vendredi dernier au sein de l'Union européenne pour l'extension de l'interdiction de trois néonicotinoïdes tueurs d'abeilles à toutes les cultures de plein champ, doit agir en cohérence et renoncer à user du droit de dérogation pour appliquer une interdiction totale pour toutes les cultures dès 2018.

De nombreux paysan-ne-s en France, en bio ou en conventionnel, travaillent déjà sans ces pesticides grâce à une approche systémique : diversification des assolements, utilisation de variétés adaptées à chaque région, maintien et réimplantation d'un maillage d'espaces naturels… Ce sont ces pratiques qu'il faut promouvoir et soutenir afin d'accompagner l'interdiction et permettre de continuer à produire durablement.

La Confédération paysanne en appelle donc au ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, pour qu'il vienne constater les mortalités sur le terrain et échanger avec les apiculteurs et apicultrices ce vendredi à Rennes. Le Ministre doit aussi faire en sorte que l'OMAA aille au bout de ses investigations. Les apiculteurs et apicultrices ont besoin d'un soutien fort pour continuer à exercer leur métier.

 

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Les apiculteurs bretons veulent par cette action interpeller les élus sur la mortalité des ruches due selon eux aux pesticides. | DAVID ADEMAS/Ouest-France

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