La Cour suprême saoudienne confirme la condamnation de Raif Badawi (11/06/2015)
Communiqué d'Amnesty International
UNE TERRIBLE CONFIRMATION DE SA CONDAMNATION
La Cour suprême d’Arabie saoudite a confirmé la condamnation du blogueur Raif Badawi à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet. Il s’agit d’un coup terrible à la liberté d’expression. Le maintien de cette peine cruelle et injuste est odieux.
Le 7 mai 2014, Raif Badawi a été condamné par le tribunal pénal de Djedda à 10 ans de prison, 1 000 coups de fouet et une amende d’un million de riyals (environ 235 000 euros) pour avoir créé un forum en ligne de débat public.
Le 9 janvier 2015, Raif Badawi a reçu 50 coups de fouet en public après la prière du vendredi sur une place de Djedda, ce qui a suscité l’indignation de la communauté internationale. Deux semaines d’affilée, la séance de flagellation qui devait suivre a été annulée sur avis médical. Il n’a pas été flagellé depuis lors, sans que les autorités en révèlent le motif. À la suite de cette décision, le risque qu’il reçoive les 950 coups de fouet restants est imminent.
Tenir un blog n’est pas un crime. Raif Badawi est puni pour avoir simplement osé exercer son droit à la liberté d'expression.
RISQUE DE REPRISE DES FLAGELLATIONS
En n’annulant pas sa condamnation, les autorités ont fait preuve d’un mépris total pour la justice et pour les dizaines de milliers de voix dans le monde qui demandent sa libération immédiate et sans condition.
Maintenant que sa condamnation est définitive et ne peut être annulée, sa flagellation en public pourrait reprendre dès vendredi et il purgera injustement le reste de sa peine. La décision de la Cour suprême entache encore davantage le bilan déjà peu réjouissant de l’Arabie saoudite en matière de droits humains.
UNE MOBILISATION DE LONGUE HALEINE
Cela fait plus d’un an que Raif Badawi a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison pour insulte à l’Islam. Puni pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, notre organisation demande sa libération ainsi que la libération de nombreux défenseurs des droits humains en Arabie saoudite.
Depuis de longs mois, nous maintenons la pression sur l’Arabie saoudite mais aussi sur les gouvernements européens afin qu’ils se positionnent pour la défense de la liberté d’expression.
Lors d’une conversation téléphonique avec sa femme Ensaf Haydar, Raif Badawi a enjoint l’opinion publique à se mobiliser pour les militants des droits humains emprisonnés en Arabie Saoudite :
Mon cas n’est pas un cas individuel, c’est un cas de liberté d’expression et de liberté de religion. S’il te plait, demande à tous ceux qui sont mobilisés pour nous de défendre également tous les prisonniers d’opinion en Arabie Saoudite, peu importe leurs opinions et peu importe que nous soyons d’accord avec eux ou non. Nous devons tous être libérés. »
LES DÉFENSEURS PERSÉCUTÉS
En Arabie Saoudite, les défenseurs des droits humains, dont des avocats, des professeurs engagés, ou encore des journalistes. Ils sont en prison pour avoir mené des activités jugées subversives ou terroristes par les autorités. Ces personnes sont parfois emprisonnées sans inculpation ni jugement. La torture fait partie de leur quotidien.
Ils sont poursuivis en justice pour des faits tels que « rupture de l'allégeance et désobéissance au souverain », « manipulation de l'opinion publique contre les autorités » ou d'autres inculpations formulées dans des termes vagues.
L’EXEMPLE DE L’ACPRA
L’ACPRA est une organisation de défense des droits humains aidant de nombreuses familles de personnes incarcérées sans inculpation ni jugement.
Depuis sa création en 2009, elle est l'une des rares voix qui ont osé dénoncer les violations des droits humains en Arabie Saoudite. Elle a été fermée en mars 2013. De nombreux membres, dont les membres fondateurs, sont aujourd’hui en prison. D’autres sont poursuivis en justice, harcelés, condamnés au silence.
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