Excès de vitesse pour l'autoroute A 304 (12/02/2014)

L'autoroute A 304 doit former la branche ouest du "Y" ardennais et assurer la liaison avec le réseau belge vers Charleroi et Bruxelles.

Cette réalisation est sensée résoudre le désenclavement des Ardennes, et apporter les clefs dua304-la-nouvelle-autoroute-des-ardennes_0.jpg développement du département. A l'heure des "autoroutes" numériques (le très haut débit), et compte tenu de la nécessité de réduire les gaz à effets de serre, il est légitime de se demander si ce projet n'a pas un train de retard. C'est peut-être pour cela que les décideurs ont fait le forcing pour maintenir le calendrier prévisionnel des travaux. Malheureusement ils ont oublié dans leur précipitation de respecter la loi, en particulier la loi sur l'eau et la protection des zones humides. Leur  préservation n'est pas une lubie d'écolos sectaires, elle est une nécessité pour maintenir la biodiversité et lutter contre les inondations.

La FNE (Fédération Nature Environnement) est à l'origine du recours devant les tribunaux, et de la décision de suspendre l'arrêté préfectoral autorisant le début de travaux. Voici un extrait de leur communiqué :

"France Nature Environnement a contesté en justice une autorisation au titre de la « loi sur l’eau » ne prévoyant pas de mesures compensatoires dans le cadre du projet d’autoroute de l’A 304. Le juge administratif a décidé le 11 février 2014 d’annuler cette autorisation du préfet des Ardennes. Cette victoire a un goût amer car la décision intervient alors que les dommages environnementaux sont survenus L’A 304 n’est qu’un exemple parmi d’autres de la non application de la réglementation par l’Etat.


Autoroute A 304, un mauvais exemple parmi tant d’autres

Le projet consiste à prolonger l’autoroute A34, depuis le sud de Charleville-Mézières jusqu’à la déviation existante de Rocroi / Gué d’Hossus en Belgique. Cette autoroute, la plus chère au kilomètre, impacte fortement des zones naturelles. La réglementation prévoit dans ce cas, des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts résiduels.

Sous la pression de certains acteurs, le tracé retenu parcourt prioritairement des espaces naturels. Il détruit ainsi 200 hectares de zones humides, entraîne la dérivation définitive de dix cours d’eau et le bétonnage de dix-sept rivières, la rupture de continuités écologiques notamment dans la traversée du site Natura 2000 du massif ardennais et la destruction de nombreuses espèces végétales et animales protégées. Face à ces impacts conséquents sur l’eau et la biodiversité, il était attendu de la part de l’Etat qu’il compense les effets délétères de cette infrastructure.

Malheureusement, les mesures compensatoires ont été tout simplement oubliées dans l’arrêté d’autorisation du préfet, alors qu’elles devraient en toute logique précéder les actions de destructions des aménités environnementales. C’est pourquoi, notre fédération a décidé de porter un recours devant le tribunal administratif de Châlons en Champagne.

Par sa décision du 11 février 2014, le juge a donné raison à FNE. L'arrêté de 2011 par lequel le préfet des Ardennes a autorisé la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Champagne-Ardenne à exécuter divers travaux hydrauliques à l'occasion du prolongement de l'A34 vers la Belgique est annulé."

Christophe Dumont, élu écologiste au Conseil Régional, réagit de son côté :

(...)

Car ce qu’il est convenu d’appeler « la branche ouest du Y ardennais », soient les 31 kilomètres entre La Francheville et la frontière belge, destinés à l’origine à relier rien moins que la mer du nord à la méditerranée n’auront pas de continuité en Belgique, les 12 kilomètres du contournement de Couvin sont encore incertains, les 12 kms de la sortie sud de Charleroi, s’ils étaient réalisés, ne le seraient qu’à 2X1 voie ; entre les deux, les 35 kms de la nationale 5  entre le nord de Philippeville et Couvin, à 2X2 voies avec carrefours à niveau, sont dans un état déplorable et les finances de la région wallonne, comme celles des collectivités françaises sont au plus bas, rendant hypothétique leur réfection .

J’avais dénoncé lors du vote du budget 2012 à la région, cette politique de grands projets auxquels cèdent trop volontiers mes collègues de tous bords ; car ces grands projets ont souvent à voir à la fois avec une certaine paresse intellectuelle, et avec l’action du lobby des travaux publics ; j’avais proposé que plutôt que de grands projets, nous menions de grandes politiques dans les domaines de la culture, du social, que ces grandes politiques soient menées grâce à la multiplication des petits projets, grâce zone_humide_PH_78209.jpgaux coopératives et aux associations en particulier ; des projets qui viennent d’en bas, des territoires, qui permettent de créer des emplois non délocalisables, plutôt que ces grands projets dont la valeur ajoutée profite à de grandes sociétés qui ont leur siège ailleurs, et à leurs actionnaires."(...)

Est-il nécessaire de rappeler que la branche Est du "Y" ardennais dessert Charleville et Sedan avec des remarquables (!?) résultats sur le développement économique du secteur concerné.

N'oublions pas non plus que le Vouzinois n'est traversé ni par le tronc, ni par les branches du fameux "Y",  et que son réseau routier attend une mise à niveau depuis quelques décennies. (mise hors gel, rectifications de tracé, entretien du revêtement,...)

 

21:22 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ardennes, autoroute, zones humides, a 304, fne, christophe dumont | |  Facebook | |  Imprimer |