Comment l’agriculture chimique européenne finance la machine de guerre de Poutine (17/06/2025)
Extraits de l'article de , publié dans Basta ! le 12.06.2025
Voilà plus de trois ans que l’addiction du modèle agricole français aux engrais chimiques participe à financer la guerre de Poutine.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, les importations françaises d’engrais russes ont augmenté de 86 %, passant de 402 000 tonnes en 2021 à 750 000 tonnes en 2023. Ces chiffres mentionnés dans un récent rapport des Amis de la Terre sont probablement sous-estimés.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Les sanctions sur le gaz russe, matière première essentielle pour les producteurs d’engrais chimiques, ont amené les fabricants européens d’engrais à réduire leur production. Mais la consommation de nos agriculteurs n’a pas diminué pour autant et ils ont poursuivi leurs approvisionnements en… Russie. Si les importations de gaz sont sanctionnées, celles d’engrais azotés ne le sont pas ! Premier consommateur européen d’engrais chimiques, la France figure même dans le peloton de tête des importateurs européens d’engrais russes aux côtés de la Pologne et de l’Allemagne.
Les régions de grandes cultures, comme le nord et l’est de la France ainsi que le Bassin parisien, sont les plus dépendantes des engrais de synthèse. C’est précisément cette dépendance qui explique l’absence d’embargo sur les engrais en provenance de Russie.
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Tuer la bio ?
Il est pourtant possible de faire une agriculture productive sans engrais chimique. L’agriculture biologique parvient précisément à se passer complètement des engrais de synthèse – c’est d’ailleurs l’un de ses fondements. « En changeant les rotations, en valorisant au mieux l’azote qui est naturellement présent dans les prairies avec les légumineuses, on arrive à se passer complètement des engrais de synthèse », rappelle Xavier Poux.
De nombreuses études montrent qu’il est possible de nourrir l’Europe en quantité suffisante sans avoir recours aux engrais chimiques, dont cet article de la revue scientifique Nature en 2017, le scénario Tyfa en 2018, ou bien encore ces études du CNRS en 2021 et en 2022.
Encore faut-il rendre accessibles les alternatives et financer davantage l’agriculture biologique. Or, c’est tout le contraire qui est décidé par le gouvernement français. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé le 20 mai que le budget alloué à l’Agence bio, chargée du développement et de la promotion de l’agriculture biologique, allait diminuer de 15 millions d’euros.
Oléoduc et installations gazières, de la région d’Usinsk, en Russie en 1998. CC BY-NC-SA 2.0 Alain Bachellier via flickr.
20:07 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : engrais chimiques, russie, ukraine, agiculture bio, basta ! | |
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