Appel à la libération des prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie (16/12/2024)

Depuis le coup d’Etat du président Kaies Saïd au mépris de la Constitution le 25 juillet 2021, la Tunisie s’est transformée en une vaste prison pour tous ceux qui ont une opinion contraire à l’autorité de fait en place.

Ce sont des hommes politiques et des secrétaires généraux de partis ou associations de la société civile arrêtés en raison de leur approche critique. Certains d’entre eux sont en détention depuis vingt-deux mois sans procès, en violation flagrante de la loi sur la détention préventive. Ils risquent la peine de mort au prétexte de « complot contre la sécurité de l’Etat », sans preuve d’aucun délit, nonobstant leur désaveu de la pratique autoritaire du régime. Certains d’entre eux sont transférés d’une prison à l’autre, au motif de représailles.

Ce sont des journalistes qui ont cru en leur métier et l’ont fait en toute honnêteté, des hommes d’affaires condamnés à de lourdes peines de prison parce qu’ils ont refusé le chantage du régime, des activistes de la société civile qui ont aidé les migrants confrontés au racisme des autorités et à la violation de leurs droits les plus fondamentaux, des blogueurs qui ont exprimé leur opinion sur les réseaux sociaux pris au piège du décret 54 qui criminalise la liberté d’opinion et d’expression et fait du chef de l’Etat tunisien un être sacré placé au-dessus de toute critique et de tout compte à rendre.

La Tunisie n’a jamais connu dans son histoire un nombre aussi élevé de prisonnières arrêtées et poursuivies pour leur lutte politique pacifique, leur travail journalistique, leur engagement solidaire ou leur activisme civique.

En résumé, la Tunisie, autrefois exemple de liberté et de démocratie dans la région arabe, s’est transformée en un désert médiatique où les médias publics et privés rivalisent de louanges à l’égard des décisions des autorités, où toute opinion libre est absente et où le travail politique et de défense des droits de l’homme est devenu un motif de criminalisation et une porte d’entrée pour la prison.

A l’occasion de la journée de solidarité avec les prisonniers d’opinion tunisiens (21 décembre 2024), les personnalités et organisations maghrébines et internationales soussignées,

– Expriment leur solidarité totale avec tous les prisonniers politiques en Tunisie et les prisonniers d’opinion de toutes sensibilités et de toutes orientations  ;
– Condamnent les crimes racistes, les violences et les campagnes d’expulsion massive des migrants subsahariens qui se sont aggravés face au discours raciste tenu par le chef de l’Etat en février 2023 et soutiennent les personnes arrêtées et détenues pour leur solidarité et leur assistance aux migrants.
– Demandent aux autorités tunisiennes de cesser d’utiliser le pouvoir judiciaire pour régler ses comptes avec toute opinion dissidente et appellent tous les juges et magistrats en Tunisie à respecter la loi et à agir en conscience afin de ne pas se faire un outil de répression et d’intimidation aux mains d’un régime dictatorial.

– Appellent toutes les forces démocratiques, en Tunisie, au Maghreb et dans le monde, à faire pression pour mettre fin aux souffrances des prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie et à celles de leurs familles plongées depuis des mois dans une terrible incertitude.

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