Réinventer nos loisirs et nos voyages
Penser la réduction du trafic aérien, c’est aussi planifier la fermeture des lignes intérieures facilement remplaçables par des alternatives en train.
À Montpellier, une centaine de personnes ont marché en direction de l’aéroport munies de valises symbolisant les 85,1 kg de CO₂ émis par passager pour le vol Paris-Montpellier.
À Mérignac, une marche et une vélorution ont eu lieu pour demander l’abandon des lignes substituables en train. En parallèle, 7 personnes ont été placées en garde à vue pour avoir tenté de s’introduire sur la piste de l’aéroport ; elles ont pu ressortir peu après 21h.
La question de l’aviation de loisirs a également été posée à l’aérodrome de Gap-Tallard par les manifestant·es : faut-il encore faire voler des avions pour le plaisir de sauter en parachute ? La question semble encore loin de faire l’unanimité : une contre-manifestation a été organisée par l’association pour la promotion du sport automobile…
Repenser nos mobilités, c’est enfin revoir l’affectation des budgets qui y sont consacrés. Villes, conseils départementaux et régionaux, chambres de commerce et d’industrie contribuent largement à ce que les aéroports puissent continuer à tourner, bien qu’étant largement déficitaires.
À Tours, Besançon, Chambéry, Montpellier et Clermont-Ferrand, les citoyen·nes se sont rassemblé·es, ont marché ou roulé pour exiger la fin des subventions à ces infrastructures et la réaffectation de cet argent public dans les mobilités douces. D’autres manières de voyager sont envisageables et n’attendent que des décisions politiques ambitieuses pour être mises en place : la réhabilitation du train de nuit nécessaire pour compléter le développement du réseau ferroviaire de transport de passagers et de fret, mais aussi la redynamisation du tourisme local sont des perspectives pour envisager d’autres manières de voyager désirables.
Justice climatique, justice sociale : même combat
Dès le lancement de l’appel à marcher sur les aéroports, un dialogue a été ouvert avec les syndicats du secteur de l’aérien, au niveau national comme dans les collectifs locaux. Les tables rondes portant sur le virage à prendre pour l’aviation, auxquelles ont participé des membres du mouvement climat, des scientifiques et des membres de la CGT et de Sud Aérien sont à retrouver en ligne (ici et là). Des membres des syndicats ont rejoint les mobilisations avec la CGT Airbus à Toulouse et Solidaires à l’aéroport Dole-Tavaux (Jura). La reconversion des salarié·es du secteur aérien doit être pensée dès maintenant, avec les personnes concernées et repenser nos territoires et la répartition des emplois.
Interdiction de la construction de nouveaux aéroports et de l’extension des aéroports existants, suppression des vols sur les trajets où il existe une alternative en moins de 4 heures : ces propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat pour “limiter les effets néfastes du trafic aérien” ont été portées lors des actions par plusieurs de ses membres qui ont pris la parole, à Nantes et à Marseille. Ces propositions, qu’Emmanuel Macron s’était engagé à reprendre sans filtre, sont pourtant remises en question par le gouvernement.
Cette journée de mobilisation nationale sur la thématique de l’aviation et du climat, inédite par son ampleur, a montré que le débat sur l’utilisation de l’avion est à mener maintenant. Le Covid-19 a cloué les avions au sol et entraîné une réduction forcée et drastique du trafic aérien, entraînant des répercussions humaines dramatiques. C’est maintenant, au cœur de la crise sanitaire, que nous devons choisir quelle société nous voulons faire advenir, quel avenir nous préparons pour les générations futures et dans quelles conditions nous souhaitons vivre toutes et tous maintenant.
Ce n’est donc pas fini, loin de là. Pour chaque aéroport, les demandes doivent continuer d’être portées ; le gouvernement, les conseils régionaux doivent être interpellés et confrontés à l’évidence ; le débat public doit se tenir. Poursuivons nos efforts, amplifions la contestation, passons le message et invitons nos proches à faire entendre leur voix.
Commentaires
On pourrait ,dans le meme ordre d'idées y associer la défense des voies ferrées en particulier
Amagne-Challerange... on peut toujours réver !!!
Écrit par : Daumont Jean-Pierre | 05/10/2020
Quand le rêve devient une réalité .
Écrit par : Jean-Jacques | 18/11/2020