Twitter en 2020 : toujours toxique pour les femmes (27/09/2020)
Harcèlement, humiliations, violences… Twitter n’en fait toujours pas assez pour protéger les femmes contre les abus en ligne, malgré de multiples promesses.
Notre programme Twitter Scorecard évalue le bilan de ce réseau social s’agissant de mettre en œuvre une série de recommandations pour éradiquer les violences ciblant les femmes sur la plateforme.
Malgré certaines améliorations notables, Twitter doit faire beaucoup plus pour résoudre le problème. L’entreprise n’a pleinement appliqué qu’une seule des 10 recommandations concrètes formulées et n’a guère progressé sur la question d’améliorer la transparence sur la manière dont elle gère les signalements d’abus.
L’inaction de Twitter
Twitter n’agit pas suffisamment pour faire barrage au déluge de violence que subissent les femmes sur la plateforme. Notre analyse montre que malgré certaines avancées, Twitter ne se mobilise pas assez pour protéger ses utilisatrices, ce qui amène un grand nombre de femmes à se taire ou à s’autocensurer sur la plateforme.
En 2018, nous avons publié une enquête dénonçant l’ampleur des violences que les femmes subissent sur Twitter. Nous avions défini des recommandations claires et simples que l’entreprise pouvait mettre en place pour rendre sa plateforme plus sûre et permettre aux femmes d’exprimer leurs opinions. Pourtant, les femmes ont continué de faire l’objet d’abus et elles ont dénoncé l’inaction de l’entreprise face à ce fléau.
Des abus et discriminations ciblés
Les abus persistants que les femmes subissent sur la plateforme sapent leur droit de s’exprimer équitablement, librement et sans crainte. Ces abus sont intersectionnels et les femmes issues de minorités ethniques et religieuses, de castes marginalisées, les lesbiennes, bisexuelles ou transgenres – ainsi que les personnes non-binaires – et les femmes souffrant de handicaps sont impactées de manière disproportionnée.
L’auteure et militante indienne Meena Kandasamy a déclaré : « Être une femme tamoule, de caste mixte, qui dénonce le système discriminatoire des castes en Inde, c’est un cocktail explosif sur Twitter. Je reçois un torrent d’insultes racistes et misogynes, et aussi des menaces de viol. Twitter semble toujours avoir un train de retard et se montre trop lent pour remédier aux différents types d’atteintes que subissent les femmes. Twitter est un espace d’expression puissant, mais l’entreprise doit se mobiliser davantage pour assainir la plateforme et la rendre plus sûre pour les femmes. »
Un manque de transparence
Du fait que Twitter ne fournit pas de données pertinentes, il est difficile d’évaluer ne serait-ce que la véritable ampleur du problème. En effet, Twitter ne fournit toujours pas de données ventilées par pays sur les signalements d’abus par les utilisatrices, ou sur le nombre d’utilisatrices qui signalent des types spécifiques de propos injurieux, comme des insultes fondées sur le genre ou l’origine ethnique.
Twitter se montre également réticente concernant le fait de dévoiler des informations détaillées sur le nombre de modérateurs qu’elle emploie et sur le type de couverture déployée dans les différents pays et dans les différentes langues.
Ainsi, nous notons un véritable manque de transparence sur la manière dont l’entreprise conçoit et met en place des processus automatisés pour identifier les abus en ligne contre les femmes. Twitter a révélé qu’elle se sert d’algorithmes pour combattre la désinformation dans le cadre de la pandémie de Covid-19. Il aurait été pertinent qu’elle affiche le même degré de transparence sur la façon dont des algorithmes sont utilisés pour lutter contre les tweets violents.
Malgré tout, quelques avancées
Saluons néanmoins des progrès bienvenus dans certains domaines, notamment au niveau de la procédure de recours et des explications plus claires sur le fonctionnement de la procédure et la manière dont les décisions sont prises. Twitter s’est efforcée de faire mieux connaître aux utilisateurs et utilisatrices les fonctionnalités concernant la vie privée et la sécurité et leur faire prendre conscience des dégâts que causent ces violences.
Il est tout à fait dans les cordes de Twitter de mettre en place des changements, qui feraient une réelle différence au niveau des expériences vécues par des millions de femmes sur la plateforme.
Le PDG de Twitter Jack Dorsey doit traduire ses paroles en actes et montrer qu’il est sincère dans sa volonté de faire de Twitter un endroit plus sûr pour les femmes. Nous continuerons de faire pression sur l’entreprise dans l’attente de nouveaux changements qui montrent clairement que les abus et les violences visant les femmes ne seront pas tolérés sur la plateforme.
21:54 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femmes, discriminations, amnesty international, twitter | | Facebook | | Imprimer |