Gilets jaunes : un bilan inquiétant (19/11/2019)

Publié le 19.11.2019 par Amnesty International

2 500 blessés côté manifestants et 1 800 côté force de l’ordre : les chiffres annoncés par le gouvernement révèlent le caractère inédit des violences qui ont émaillées les manifestations en France depuis un an.

Face à la détresse, des violences policières choquantes

Depuis un an, en France, le nombre et la gravité des blessures lors des manifestations ont atteint des records : vingt-quatre manifestants ont été éborgnées et cinq ont eu une main arrachée.

Parmi les victimes, se trouvent des manifestants pacifiques mais aussi de simples passants ainsi que des journalistes et observateurs. Le 2 février dernier, c’est un observateur de la Ligue des droits de l’homme qui a dû être évacué à l’hôpital après avoir été touché en pleine tête par un tir de projectile de la police.

« Cette gestion des manifestations dépasse aujourd’hui le mouvement des Gilets jaunes, comme on l’a vu avec les manifestations du 1er mai et celle des pompiers. Nous-mêmes, nous avons été “nassés” alors que nous étions en mission d’observation lors des manifestations autour du G7. Et lors de la marche pour le climat du 21 septembre 2019, nous avons été gazés alors que nous manifestions pacifiquement. Aujourd’hui, le maintien de l’ordre en France consiste trop souvent à appliquer une répression immédiate et de grande ampleur au point d’entraver les libertés fondamentales."

Parce qu’elles portent atteinte au droit de manifester pacifiquement, nous condamnons les mesures disproportionnées prises par les forces de l’ordre dans de nombreuses manifestations.  Nous dénonçons fermement l’emploi massif de gaz lacrymogènes, le recours aux techniques de nasses, et l’utilisation des grenades explosives GLI-F4, de grenades de désencerclement et de lanceurs de balles LBD40.

Droit de manifester : la France mauvaise élève

 

Les Nations unies, le Défenseur des droits ou le Conseil de l’Europe se sont tous inquiétés de l’usage excessif de la force en France et des restrictions que cela entraîne sur le droit pour les personnes de manifester pacifiquement.

Certains pays européens ont adopté des pratiques de gestion des manifestations centrées sur l’idée de dialogue et de désescalade afin d’éviter d’avoir à recourir à la force. Même lorsque des violences sont commises par des manifestants, les autorités cherchent alors à limiter le recours à la force et à privilégier la protection du droit de manifester pacifiquement. De nombreuses pratiques permettent de mieux respecter les droits humains. Le recours à des agents de liaison pour dialoguer avec les manifestants ou l’abandon de certains armements pourraient faire baisser les tensions et rétablir la confiance et la reconnaissance de la légitimité de la police.

Les organisations internationales, y compris la Cour européenne des droits de l’homme, reconnaissent que les Etats doivent, pour protéger la liberté d’expression, accepter dans certains cas de tolérer quelques désordres sans avoir recours à la force, comme par exemple les blocages routiers.

 « La répression massive et indiscriminée est non seulement illégale, mais aussi contre-productive : elle tend à radicaliser tous les participants en créant une forme de solidarité face aux forces de l’ordre. Le résultat est contre-productif car les violences ne cessent pas et les droits des manifestants pacifiques sont menacés », ajoute Anne-Sophie Simpere.

Un an après le début du mouvement des Gilets jaunes, nous appelons le ministère de l‘intérieur à changer de méthode en plaçant le respect des droits fondamentaux et la logique de désescalade au cœur de sa nouvelle doctrine de maintien de l’ordre.

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Acte 53 de la mobilisation des Gilets Jaunes, un an après le début du mouvement. Toulouse, France ©Batard Patrick/ABACA

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