Biarritz : un G7 avec vue… sur un océan agonisant (19/08/2019)

Le Golfe de Gascogne, bientôt « zone morte » de l’océan Atlantique ?

Les « zones mortes », ces eaux contenant très peu d’oxygène et où la faune marine se fait rare, gagnent de plus en plus de terrain. En 2008, on en dénombrait déjà plus de 400 sur l’ensemble la planète, réparties sur 245 000 km2. A l’origine de ce phénomène, plusieurs facteurs dont le réchauffement climatique, les engrais et pesticides utilisés en agriculture, mais aussi d’autres produits chimiques.

Dans le Golfe de Gascogne, ces derniers s’accumulent au point que l’atmosphère iodée naturelle, tant vivifiante, caractéristique d’un océan en bonne santé, a disparu. Les eaux ne sentent donc plus l’océan et sont devenues grasses. A la différence d’une marée noire, la pollution chimique à l’origine du problème est invisible… par mer calme. Pourtant, dès que la mer s’agite, des mousses brunâtres apparaissent, remplaçant l’écume naturelle. Enfin, les embruns chargés de ces polluants ont un effet décapant sur certains végétaux tels que les pins maritimes. Pour preuve, les pins « brûlés » de l’Hôtel du Palais à Biarritz. Cela génère une grande inquiétude pour les pêcheurs et les citoyens conscients : quel peut en être l’impact sanitaire ? Les analyses des prélèvements de mousses réalisés par la SEPANSO durant ces périodes, de Biscarrosse à la Côte Basque, confirment cette pollution.

Un cocktail chimique qui ravage le Golfe de Gascogne

A l’origine de cette pollution, un « cocktail chimique » composé notamment de détergents pétrochimiques, entre autres micropolluants, qui ne sont presque jamais traités par les stations de traitement des eaux usées. On retrouve ces détergents pétrochimiques dans les lessives, notamment. Pire, lors d’épisodes pluvieux, des débordements directs de stations d’épuration s’ajoutent à la pollution globale qui finit dans le Golfe de Gascogne.

L’eau du Golfe de Gascogne, impropre à la baignade ? Difficile à dire, puisque ce cocktail chimique n’est toujours pas pris en compte dans la mesure de la qualité des eaux de baignade. A l’heure actuelle, seule la bactériologie est suivie. La SEPANSO sonne pourtant l’alarme depuis 1998 auprès du District Bayonne Anglet Biarritz, date de l’appel du collectif de 60 scientifiques « pour des détergents sans danger pour l’environnement ». Les pays membres du G7 prendront-ils enfin les décisions tant attendues ?

Une seule solution : l’interdiction des détergents pétrochimiques

L’Elysée l’a promis dans un communiqué : lors du G7, « nous proposerons des mesures concrètes pour protéger la planète, en mettant l’accent sur la protection de la biodiversité, du climat et des océans ». La SEPANSO et France Nature Environnement ont décidé de prendre cet engagement au pied de la lettre : « Le G7 doit acter le retrait du marché des détergents pétrochimiques, comme cela vient d’être fait pour certains plastiques. C’est une mesure de bon sens si l’on ne veut pas que les zones mortes ne se multiplient dans nos océans ! La situation du Golfe de Gascogne doit nous permettre de tirer des leçons » estime Georges Cingal, secrétaire général de la fédération SEPANSO Aquitaine.

Directive Cadre Eau de 2000, Directive Cadre Stratégie Milieu Marin de 2008… à l’échelle européenne, l’objectif de reconquête de la qualité écologique et chimique des eaux a déjà été acté. Pour respecter leur engagement à protéger la biodiversité, le climat et les océans, les pays européens du G7 doivent montrer l’exemple et retirer du marché européen ces produits chimiques aux impacts catastrophiques sur nos écosystèmes. De plus, les détergents pétrochimiques sont parfaitement remplaçables par des détergents d’origine naturelle, biodégradables.

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23:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : golfe de gascogne, g7, pollution des eaux, détergents pétrochimiques | |  Facebook | |  Imprimer |