Notre-Dame-des-Landes : un début de dialogue (20/04/2018)
Après des années de combat contre le projet d'aéroport, et plus de dix jours d'affrontements sur la zone, un début de dialogue semble se mettre en place à Notre-Dame-des-Landes.
L'abandon du projet d'aéroport n'a pas réglé tous les problèmes. Les occupants de la ZAD ont construit au fil des ans des lieux et de projets de vie qui se veulent en opposition totale avec la vision étatique de la société.
L'Etat ne peut accepter la poursuite de ces expérimentations alternatives, et souhaite faire rentrer dans le rang les occupants de la zone. Ceux-ci ne représentent pas une population homogène, une vision différente de l'avenir apparaissant entre les opposants "historiques" et les zadistes. ( voir les différents sites de la lutte, et les récents communiqués publiés). Le gouvernement tente de jouer sur ces différences et demandes des projets individuels. Les occupants essayent de préserver le caractère collectif de leur engagement.
Le gouvernement fait donner toute la puissance de l'appareil d’État. Les occupants ont conservé un capital de sympathie et peuvent compter sur soutien d'une partie importante de la population.
Sauf à croire que la révolution libertaire est sur le point de s'étendre sur toute la France, ou à croire inversement que l’État va éteindre définitivement toute critique radicale, seul un compromis peut éviter la poursuite et l'aggravation des affrontements violents de ces derniers jours.
Sans renoncer au caractère collectif de leur démarche, les occupants de la zone ont accepté de présenter des fiches de projets individuels lors d'une rencontre en préfecture.
Voici leur communiqué.
"Vendredi 20 avril 2018
Suite au rendez-vous en préfecture - Communiqué de l’assemblée des usages sur la suite du dialogue et les menaces de nouvelles expulsions.
La délégation du mouvement est venue remettre aujourd’hui lors d’un rendez-vous avec la préfecture un dossier comprenant un ensemble de fiches nominatives concernant les divers projets concrets existants et en construction sur la zad. Nous décidons aujourd’hui de répondre aux injonctions du gouvernement. Nous voulons stopper l’escalade de la tension sur la zone et obtenir enfin le temps nécessaire au dialogue et à la construction du projet que nous défendons.
Le gouvernement a choisit le 9 avril de rompre brutalement le dialogue initialement amorcé par une opération de destructions de plusieurs dizaines de lieux de vie et d’activité de la zad. Cette opération a fait plusieurs centaines de blessés. Elle a aussi soulevé un formidable élan de solidarité dans le bocage et partout dans le pays, mobilisant des dizaines de milliers de personnes. Des annonces ministérielles laissent entendre la reprise des expulsions dès lundi.
Malgré le refus du gouvernement d’étudier notre proposition d’une convention collective, nous avons souhaité aujourd’hui faire un geste très concret de dialogue pour sortir de ce cycle infernal. Nous attendons aujourd’hui avec cette remise d’un ensemble de dossiers et déclarations d’intentions, que les valeurs que nous portons dans ce bocage soient enfin prises en compte dans la suite du dialogue. Contrairement à ce qui avait pu être déclaré par le gouvernement, il ne s’était pas agit pour nous de refuser de nous nommer et de présenter ces projets, mais de s’assurer du maintien de la dimension coopérative et des liens entre les usages. Nous souhaitons toujours enraciner une vision des communs et d’une paysannerie solidaire, réellement soucieuse du soin du bocage et de l’environnement. Nous voulons toujours un territoire vivant, habité, partagé qui laisse aussi la place à des projets qui ne soient pas qu’agricoles. Nous refuserons ensemble tout nouveau tri et expulsions des lieux de vie et espaces d’activités de la zad. La pression policière et les ultimatums intenables doivent cesser. Il faut enfin engager un vrai dialogue sur l’avenir de la zad et retrouver au plus vite sur le terrain une situation apaisée.
Nous appelons tous les soutiens à être extrêmement attentif à ce qui va se passer en ce début de semaine prochaine. Si malgré nos gestes de dialogue les expulsions devaient reprendre, nous serons prêt à réagir ensemble.
L’assemblée des usages, sur la zad de Notre-Dame-des-Landes"
Des explications complémentaires sont données par ailleurs :
" Contrairement à ce que prétendait le gouvernement et certaines figures passées du mouvement, il ne s’agissait pas pour les occupant.e.s de se cacher dans l’anonymat mais de continuer à défendre un projet collectif, d’empêcher que les dossiers soient instruits individuellement en laissant au pouvoir la possibilité de faire, à nouveau, un tri entre prétendu.e.s bon.ne.s zadistes et mauvais zadistes.
Redisons le une fois, tant les déclarations de presse de ces derniers jours tentent de créer le fantasme des radicaux qui n’auraient rien à faire ici : les occupant.e.s entendent respecter le pacte passé avec l’ensemble du mouvement anti aéroport dans le cadre des discussions sur l’avenir de la zad après l’abandon du projet d’aéroport, résumés dans le texte sur les 6 points : c’est à dire faire en sorte que toutes les personnes ayant participé à la lutte puissent rester sur ce territoire, y construire des projets, agricoles ou non, officiels ou hors cadre.
(...)
Nous réaffirmons que ce qui se vit sur la zad ne peut être découpé, morcelé, que notre projet de vie, à l’inverse de l’individualisme libéral prôné par Macron, est collectif. C’est pour ces raisons que nous déposons, en parallèle des « fiches projets » nominatives, une proposition de convention d’occupation précaire au nom de « l’Association pour un avenir commun dans le bocage ». Pour laisser voir la complexité des liens et l’interdépendance nous joignons un schéma explicatif des interdépendances entre projets. Il a été présenté à la Préfecture."
Voir le schéma global proposé par ce lien.
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