Sécheresse : des restrictions d’eau dans le Vouzinois et dans les Ardennes (27/07/2017)

Information reprise du site de la ville de Vouziers.

Sur certains secteurs de la Marne et des Ardennes, le manque d'eau devient critique. Les nappes phréatiques ont un niveau très inférieur à la normale. Ce qui a contraint les deux préfectures à limiter l'usage de l'eau.
En conséquence, le préfet des Ardennes a décidé de prendre un arrêté de restriction des usages de l’eau applicable pour les communes situées sur les nappes de la Craie de Champagne Nord et des calcaires dans l’Oxfordien, dont VOUZIERS.
Des dispositions maintenues jusqu’au 31 octobre, sauf si les conditions climatiques des prochains mois permettaient une nette amélioration des débits des rivières et des niveaux des nappes. (arrêté préfectoral n° 2017-228)

Les restrictions à appliquer

Restriction des usages non agricoles

Sont interdits :

  • le remplissage des piscines (hors piscines publiques, piscines d'établissements recevant du public et piscines ďhôtels), hors remplissage pour les besoins du chantier des piscines privées en cours de construction ;
  • le lavage des véhicules hors stations professionnelles dédiées à cette activité, sauf pour les véhicules ayant obligation réglementaire (véhicules sanitaires ou alimentaires) ou technique (bétonnière...) et pour les organismes liés à la sécurité ;
  • le lavage des voiries et trottoirs, le nettoyage des terrasses et façades ;
  • l'arrosage des pelouses et espaces verts publics ou privés, des terrains de sports, des jardins ď agrément ou potagers entre 9 heures et 20 heures ;
  • l'alimentation des fontaines publiques en circuit ouvert ;
  • le remplissage ou la vidange des plans d’eau et des étangs non exploités par un pisciculteur agréé ou exerçant une activité commerciale ; la vidange des plans ď eau et des étangs exploités par un pisciculteur agréé ou exerçant une activité commerciale doit avoir été préalablement autorisée par la police de l'eau ;
  • l 'arrosage des golfs sauf "green" et "départ".

En outre :

  • les commerces et industries, hors installations classées pour la protection de l'environnement, limiteront leur consommation ď eau au strict nécessaire ;
  • pour les usages liés au process industriel, les installations classées pour la protection de l’environnement limiteront leur consommation ď eau conformément aux dispositions de leur arrêté préfectoral ;
  • pour la navigation fluviale, les prélèvements effectués pour l'alimentation des canaux seront réduits. Les bateaux seront regroupés pour le passage des écluses sur les canaux. L'enfoncement sur les biefs navigués est restreint ;
  • les exploitants de barrages installés sur un cours ď eau ou ses canaux de dérivation, hormis les ouvrages gérés par Voies navigables de France, doivent obtenir l'accord préalable du service chargé de la police de I' eau avant toute manœuvre ayant une incidence sur la ligne ď eau ou sur le débit du cours ď eau ;
  • les travaux en rivière sont décalés jusqu'au retour d’un débit plus élevé, sauf travaux d’urgence devant être autorisés par la police de l'eau ;
  • la surveillance des rejets de stations ď épuration est accrue ; les délestages directs sont soumis à autorisation préalable du service chargé de la police de l'eau et peuvent être décalés jusqu'au retour d’un débit plus élevé;
  • la vidange des piscines publiques est soumise à autorisation ;
  • les rejets industriels préjudiciables il la qualité de l'eau pourront faire l'objet de limitation voire de suppression.

Restriction des usages agricoles

L'irrigation agricole n'est autorisée que pour les agriculteurs qui pratiquent des cultures spéciales (oignons, pommes de terre...) à qui un quota d'eau a été attribué. Les reliquats de quotas pour chaque forage d’irrigation sont réduits de 15 %. Ce pourcentage s'applique sur les volumes restant à prélever à la date d’entrée en vigueur du présent arrêté.


FNE revient sur ces mesures, et sur les causes de ces baisses de niveau des nappes phréatiques.

 

L’été 2017 va être chaud ; les réserves d’eau sont historiquement basses. Pour garantir l’approvisionnement en eau potable et protéger les milieux aquatiques, les préfets ont la responsabilité de limiter les divers usages de l’eau. Ce système est censé préserver les utilisations prioritaires en cas de crise : eau potable, santé, sécurité civile, le tout dans des conditions garantissant la préservation des écosystèmes aquatiques. Mais ce système de gestion prévoit des dérogations dont les effets peuvent être désastreux. France Nature Environnement demande la remise en question de ces dérogations aux mesures de restriction.

Seuils critiques : des limites infranchissables franchies

Le système des arrêtés préfectoraux fixe différents niveaux de restrictions d’usage, en fonction de l’intensité de la menace qui pèse sur la ressource en eau. Ces restrictions s’appliquent à tous : citoyens, collectivités, printemps.gifagriculteurs et industriels. Pomper plus d’eau détruirait les écosystèmes et menacerait l’approvisionnement en eau potable des populations ? Peu importe. Certains préfets autorisent à dépasser ces seuils critiques au moyen de dérogations accordées à différentes catégories d’utilisateurs. Alors que ces seuils, définis à partir de bases scientifiques et de façon concertée sur le territoire, devraient être de véritables lignes rouges, elles sont aujourd’hui systématiquement franchies.

Sécheresse : toutes les régions sont concernées

L’hiver dernier en Bretagne, le faible taux de pluie n’a pas suffi à remplir les nappes d’eau souterraines, qui servent à alimenter les cours d’eau en période estivale. Ceux-ci connaissent par conséquent des débits anormalement faibles depuis plusieurs mois déjà. Les dérogations de prélèvements sur des cours d'eau déjà en dessous du débit d'étiage[1], accordées dans plusieurs départements, viennent empirer la situation, mettant ainsi en péril le bon fonctionnement de l'écosystème aquatique. Un constat qui laisse présager des situations dramatiques dans les semaines à venir, avec un risque de pénurie d’eau potable à l’automne prochain en cas d’absence de « pluies efficaces » suffisantes d’ici-là.

Déjà fortement sollicités lors des grands week-ends de mai, les réservoirs qui réalimentent le fleuve Charente afin de prélever l’eau pour la distribution en eau potable étaient à moitié vides au mois de juin. Avec l’arrivée des touristes, la consommation d’eau potable double en été dans le département (de 40 000 m3/jour à 80 000 m3/jour, avec des pointes à 170 voire 200 000 m3/jour entre le 14 juillet et le 15 août). S’il ne pleut pas abondamment, les réserves risquent d’être épuisées dès fin juillet, laissant présager des coupures d’eau potable !

En Rhône-Alpes le niveau des nappes actuel est comparable à celui enregistré lors de la grande sécheresse de 1976, fin août. Et nous ne sommes que mi-juillet… Ce faible taux de remplissage est dû à la sécheresse hivernale : la région n’a connu aucune pluie importante depuis le début de l’automne 2016. Les épisodes pluvieux du début de l’été, même s’ils apportent quelques améliorations temporaires, ne seront pas suffisants pour épargner la biodiversité aquatique, très sensible à la température de l’eau et à la faiblesse des débits. Le département de l’Isère vient de passer en alerte et le nombre d’arrêtés sécheresse en cours augmente de jour en jour.

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Système dérogatoire : symptôme d’une gestion de l’eau problématique

Alors que toutes les régions sont touchées par la sécheresse et que de nombreuses régions font face à des situations inhabituelles et alarmantes, la gestion de l’eau doit évoluer. C’est pourquoi France Nature Environnement appelle à une remise en question profonde des systèmes dérogatoires. Mais au-delà de cette problématique d’urgence, c’est l’ensemble du modèle qui doit être repensé. Le béton envahit nos sols ; les systèmes agricoles conventionnels leur ont fait perdre vie et structure ; les haies, bosquets, talus sont détruits. Ainsi, l’eau ruisselle, inonde, détruit, mais ne s’infiltre plus : il est urgent de protéger les sols de l’imperméabilisation.

Alors quel modèle pour l’avenir ? L’évolution du modèle actuel n’est pas suffisante pour répondre aux enjeux du partage de l’eau. Il est temps de se tourner vers une agriculture respectant les principes de l’agroécologie et d’adopter une véritable politique de protection de nos sols. Pour Jean-Claude Bevillard, pilote du réseau Agriculture de France Nature Environnement : « Il est urgent de réagir. Chaque mois en France, l’équivalent de 6400 terrains de foot sont bétonnés ; les sols agricoles ne retiennent plus suffisamment l’eau et ne lui permettent plus de s’infiltrer. A cause de ces phénomènes, les nappes se rechargent mal : c’est l’ensemble du cycle de l’eau qui est en péril. »

Pour Marc Saumureau, pilote du réseau Eau à France Nature Environnement : « Ce système dérogatoire est injustifiable. Quand tout le monde est d’accord pour dire que des pompages supplémentaires seraient dangereux, il est inconcevable qu’un préfet puisse continuer à distribuer des dérogations pour permettre d’aller au-delà de ce que les milieux peuvent tolérer. D’ici la fin de l’été, en plus des menaces sur les écosystèmes aquatiques qui vont être à sec, c’est même l’eau du robinet qui pourrait venir à manquer dans certains territoires. »

Préservation de la ressource : chacun peut agir

Des changements de pratiques doivent être mis en place à tous les niveaux : des systèmes agricoles adaptés aux conditions climatiques locales et moins gourmands en eau, des filières industrielles optimisées pour réduire la consommation en eau, la récupération d’eau de pluie et le recyclage pour l’arrosage et le nettoyage dans les collectivités... Il est par ailleurs essentiel de conserver et restaurer les milieux aquatiques et les zones humides dont le rôle est indispensable dans le cycle de l’eau.


[1] Débit d’étiage : débit moyen le plus bas d’un cours d’eau

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21:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sécheresse, fne, manque d'eau, ardennes | |  Facebook | |  Imprimer |