Chômage et communication. (24/11/2016)
Tous les mois, lors de la publication des chiffres du chômage, le ou la ministre en charge de l'emploi publie un communiqué. Au fil du temps, on apprend à décrypter ce message, non seulement par ce qui est écrit dans le communiqué ministériel, mais aussi par ce qui n'y figure pas. Ce mois-ci, Myriam El Khomri se réjouit de la modeste baisse annoncée, ce qui parait tout à fait logique. Mais dans son communiqué, aucune allusion aux catégories de chômeurs B et C. Elle cible toute sa communication sur la catégorie A, qui bénéficie d'une baisse de 0,3 % en octobre et de 2,8 % sur un an. Il faut rechercher les chiffres officiels de la DARES pour comprendre que le chiffre pour les catégories B et C diminue de 0,4 % sur un mois et progresse de 6,6 % sur un an
Au total pour les 3 catégories, le nombre de demandeurs d'emploi recule de 0,4 % sur un mois (–19 400 personnes) et progresse de 0,4 % sur un an (+20 900 personnes).
Le bilan annuel est donc loin d'être simple à analyser, à moins de faire comme la ministre et de ne regarder que les chiffres qui vont dans le sens que l'on souhaite.
De même, la ministre s'était prévalue précédemment des statistiques de l'INSEE, qui confortaient ceux de la DARES. L'INSEE porte un regard différent sur le nombre de demandeurs d'emploi, et son analyse peut effectivement donner des arguments utiles. Le Monde écrivait le 17 novembre dernier : "
Mais les statistiques publiées jeudi 17 novembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ne vont pas vraiment dans ce sens.
Le taux de chômage a ainsi augmenté de 0,1 point entre le deuxième et le troisième trimestre en France métropolitaine, passant de 9,6 % – niveau dont s’étaient réjouis observateurs et économistes – à 9,7 %. Le nombre de chômeurs augmente donc, selon l’Insee, de 31 000 personnes sur trois mois, pour atteindre 2,8 millions de personnes en France métropolitaine."
Curieusement, la ministre ne fait pas référence à ce chiffrage, alors qu'elle le considérait comme pertinent il y a quelques semaines.
Voici les chiffres officiels :La publication nationale de la DARES :
Fin octobre 2016, en France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s’établit à 3 478 800. Ce nombre diminue sur trois mois de 0,8 % (soit –27 800 personnes) ; il recule de 0,3 % sur un mois (–11 700 personnes) et de 2,8 % sur un an (–101 300 personnes). Sur trois mois, ce nombre diminue de 4,6 % pour les moins de 25 ans (–1,5 % sur un mois et –8,2 % sur un an), de 0,8 % pour ceux âgés de 25 à 49 ans (–0,4 % sur un mois et –3,3 % sur un an) et progresse de 1,4 % pour ceux âgés de 50 ans ou plus (+0,4 % sur un mois et +1,6 % sur un an).
Fin octobre 2016, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et ayant exercé une activité réduite dans le mois diminue pour la catégorie B (78 heures ou moins travaillées dans le mois) de 6 700 personnes sur trois mois et s’établit à 728 800. Sur trois mois, ce nombre baisse de 0,9 % (–1,3 % sur un mois et +2,5 % sur un an). Pour la catégorie C (plus de 78 heures travaillées dans le mois), ce nombre augmente sur trois mois de 53 200 personnes et s’établit à 1 253 200. Sur trois mois, ce nombre progresse de 4,4 % (+0,2 % sur un mois et +9,1 % sur un an). Le nombre de demandeurs d’emploi en catégories B, C augmente donc de 2,4 % sur trois mois (soit +46 500 personnes) ; il diminue de 0,4 % sur un mois et progresse de 6,6 % sur un an.
Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C est de 5 460 800 fin octobre 2016. Ce nombre augmente sur trois mois de 0,3 % (soit +18 700 personnes) ; il recule de 0,4 % sur un mois (–19 400 personnes) et progresse de 0,4 % sur un an (+20 900 personnes). Sur trois mois, ce nombre diminue de 3,0 % pour les moins de 25 ans (–1,6 % sur un mois et –4,8 % sur un an), progresse de 0,5 % pour ceux âgés de 25 à 49 ans (–0,4 % sur un mois et +0,1 % sur un an) et de 1,9 % pour ceux âgés de 50 ans ou plus (+0,6 % sur un mois et +4,5 % sur un an).
Fin octobre 2016, 754 100 personnes sont inscrites à Pôle emploi sans être tenues de rechercher un emploi, qu’elles soient sans emploi (catégorie D) ou en emploi (catégorie E). Sur trois mois, le nombre d’inscrits en catégorie D augmente de 5,0 % (–0,2 % sur un mois) et le nombre d’inscrits en catégorie E diminue de 0,3 % (–0,9 % sur un mois).
En France (y compris Drom), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 733 800 pour la catégorie A. Sur trois mois, il diminue de 0,7 % (–0,3 % sur un mois et –2,8 % sur un an). Pour les catégories A, B, C, ce nombre s’établit à 5 760 600. Sur trois mois, il augmente de 0,4 % (–0,4 % sur un mois et +0,3 % sur un an).
Les chiffres locaux de la DIRECCTE :
Fin octobre 2016, dans les Ardennes, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s'établit à 16 860. Ce nombre baisse de 0,4 % sur trois mois (soit -60 personnes) ; il diminue de 1 % sur un mois et diminue de 1,9 % sur un an.
En Grand Est, ce nombre diminue de 0,9 % sur trois mois (-0,9 % sur un mois et –3,4 % sur un an).
Dans les Ardennes, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi, ayant ou non exercé une activité dans le mois (catégories A, B, C) s'établit à 25 140 fin octobre 2016. Ce nombre augmente de 0,5 % sur trois mois (soit +120 personnes) ; il diminue de 1,3 % sur un mois et progresse de 0,2% sur un an.
En Grand Est, ce nombre augmente de 0,6% sur trois mois (-0,6 % sur un mois et -0,1 % sur un an).
Depuis mai 2012, 500 000 chômeurs de plus en catégorie A
20:49 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chômage, chômage octobre 2016, ardennes | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Ce long article se termine par un graphique clair : depuis un an une baisse tendancielle du nombre de chômeurs semble montrer que le bon chemin est enfin trouvé. Pour les acteurs luttant contre ce fléau, la tâche reste difficile dans une ambiance générale perpétuellement défaitiste.
Pourquoi donc ne voit-on pas des encouragements dans les écrits et les paroles largement répandus, pour tous ceux qui luttent contre le chômage ?
La France semble atteinte par une maladie dépressive alors quelle a tant d'atouts.
Ce jeu de toujours critiquer négativement risque de préparer le terrain aux partis politiques extrêmes.
Pourquoi toujours offrir à notre jeunesse naturellement pleine de joie et d'espoir, un visage de l'avenir tristounet ?
Je crains que le futur Président, quelque soit sa pensée politique, se heurtera au même défi.
Je souhaite que les critiques objectives, c'est-à-dire qui ne manipulent pas les analyses chiffrées, soient plus souvent la règle.
Daniel
Écrit par : Doyen | 25/11/2016
Le but de cette note sur les chiffres du chômage n'est pas de maintenir une ambiance défaitiste. Ne percevoir que du négatif serait aussi malvenu que de ne retenir uniquement du positif. L'important est de partir de la réalité, et c'est ce que nous faisons en publiant l'intégralité du communiqué de la DARES.
Le communiqué ministériel constitue un autre fait. "L'oubli" par la ministre des chiffres globaux pour se focaliser sur ceux de la catégorie A est loin d'être innocent. Il est licite d'écrire, à la vue de deux tendances contradictoires, que "le bilan annuel est donc loin d'être simple à analyser".
Daniel Doyen se félicite de la tendance montrée par le graphique illustrant la note. Notre commentateur y voit clairement démontré que le bon chemin a été trouvé. Comme l'indique la légende, cette courbe concerne les chômeurs de catégorie A. Celle concernant les catégories A, B et C n'est pas disponible aisément, mais elle indiquerait une tendance inverse (+0,3% sur un an). Faut-il alors conclure à une baisse tendancielle du nombre des chômeurs depuis un an, ou bien à une hausse tendancielle sur cette même période ?
Voir le travail des "décodeurs" du journal Le Monde sur le sujet de la baisse relative du chômage : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/25/la-courbe-du-chomage-s-est-elle-vraiment-inversee_5038354_4355770.html
Écrit par : lanvert | 25/11/2016
Un film, "Moi,Daniel Blake" que j'ai vu dans une ville de l'Ouest, passe aux Tourelles cette semaine. Le rapport avec cet article, c'est la recherche d'un emploi pour un homme qui a perdu le sien, qui s'inscrit à l'agence de l'emploi dans son pays, la GB et qui rencontre les lourdeurs administratives décourageantes. Il se heurte aussi au mépris de certains employés cravatés qui le prennent de haut. Sans dévoiler le fond de l'histoire ni son déroulé, on peut dire aussi qu'il rencontre une personne qui a aussi ses difficultés. Ensemble, ils tentent de s'en sortir.
Film beau, émouvant, bien construit, à voir absolument.
Daniel
Écrit par : Doyen | 30/11/2016