Fessenheim : EDF fait de la résistance. Ça vous étonne ? (17/06/2016)
Communiqué de presse du Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin, Stop Fessenheim, Stop Transports Halte au Nucléaire, Collectif Les Citoyens Vigilants des environs de Fessenheim, d’Alsace nature avec le soutien du Réseau "Sortir du nucléaire" - 16 juin 2016
Selon Le Monde, repris par d’autres médias, EDF se refuserait à déposer le dossier de fermeture de la centrale de Fessenheim avant la fin juin 2016, ainsi que le lui avait demandé - fort mollement il est vrai - Ségolène Royal, par deux lettres de février et mai 2016.
A vrai dire, nous ne sommes pas étonnés. Depuis l’élection de François Hollande, nous assistons à un jeu malsain, entre les promesses répétées par les différents ministres de l’environnement ou le cabinet du Président, et l’inertie - voire la complaisance - du gouvernement tout entier vis-à-vis des nucléocrates de tous bords.
Nous savions depuis septembre dernier que le Président s’était soumis au lobby nucléaire, en liant la fermeture de Fessenheim au démarrage de I’EPR (démarrage que nous ne souhaitons pas plus que le maintien de Fessenheim, rappelons-le), inversant en cela l’esprit et la lettre de la pourtant timide loi sur la transition énergétique. Nous savions que malgré ses rodomontades, la Ministre de l’Environnement ne ferait rien qui puisse gêner EDF. Et nous savions, après les cadeaux financiers faits lors du "mariage" avec AREVA, qu’EDF avait les cartes en main pour imposer sa volonté à son principal actionnaire : EDF appartient pour 85% à l’État, qui ne fait preuve - ou ne veut faire preuve - d’aucune autorité à son égard...
Aujourd’hui, la preuve est faite que la fermeture de Fessenheim n’est plus qu’une question nauséeuse d’argent, une lutte de pouvoir, et n’a plus grand chose à voir avec l’approvisionnement en électricité de la France, n’a rien à voir avec la Transition Énergétique, rien à voir même avec la sécurité du million de Français, d’Allemands ou de Suisses qui vivent à portée de nuage.
Il nous reste à attendre la réalisation de la promesse de François Hollande, répétée encore lors d’une récente entrevue avec le cabinet de la Présidence : prendre avant la fin juin une mesure qui rendra "irréversible" la fermeture de la centrale... un jour lointain.
Et pourtant, depuis le début de l’année, malgré les tentatives désespérées d’EDF (37 milliards d’euros de dettes...) de faire fonctionner au maximum cette trop vieille centrale, histoire de faire monter les enchères, ce ne sont pas moins d’une vingtaine d’incidents (dont une bonne proportion de mauvais équipements de radioprotection lors d’interventions...) qui sont à décompter. Et le bilan des deux réacteurs est explicite : 67 % du temps de fonctionnement à pleine puissance, loin des 85% prévus à l’origine. Au-delà d’une quelconque promesse électorale, la simple logique - sécuritaire, financière, sociale mais aussi politique - exige que l’on arrête cette aberration technologique sans attendre...
Jean Jacques RETTIG, Président du Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin
Aline BAUMANN, Présidente de l’association Stop Fessenheim
Rémi VERDET, Président de l’association Stop Transports Halte au Nucléaire
Lucien JENNY, Collectif Les Citoyens Vigilants des environs de Fessenheim
Jean Paul LACOTE, Président de la fédération Alsace Nature section Haut Rhin
22:30 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : fessenheim, centrale nucléaire | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Il semble bien que la fermeture de Fassenheim est d'une extrême complication selon les bruits que j'entends et les écrits que je lis. Cette opération industrielle ne me paraît pas relever d'un esprit de gauche ou de droite. Ce problème dépasse un quelconque positionnement politique étroit.
Je ressens que le gouvernement en place quelque soit sa couleur cherche avec les hauts spécialistes le moment le plus favorable pour éteindre cette centrale qui semble devenir un site d'une extrême dangerosité.
Il me paraît donc que nos responsables scientifiques et politiques trouveront le moment le plus pertinent pour un démantèlement pratiqué dans les meilleurs conditions de sécurité.
Daniel
Écrit par : Doyen | 18/06/2016
EDF ne sait pas démanteler une centrale nucléaire.
À lire Daniel on pourrait penser qu'EDF, pour le démantèlement de Fessenheim doit commencer par acquérir des expertises, choisir le bon moment,privilégier la sécurité. Toutes bonnes raisons de prendre son temps. Malheureusement,ces informations, ces suggestions ne sont fondées sur rien de crédible. Lisez plutôt:
A ce jour, aucun démantèlement de niveau 3 n’a été réalisé en France hormis celui de réacteur de recherche qui génère des produits d’irradiation en quantité beaucoup plus faible qu’un réacteur de production. Pourtant le démantèlement du réacteur à eau lourde (EL-4) de Brennilis arrêté en 1985 s’avère un vrai casse-tête et déjà un gouffre financier : 482 millions d’euros. Au moins 33 ans à la construire et « déconstruire » pour un fonctionnement de 18 ans ! Oui, vous lisez bien, EDF n'a pas encore démantelé une seule centrale et Fessenheim n'est pas la première qui attend son démantèlement.
Parlons de Chooz A arrêtée depuis 1991: C' est la première centrale de la filière des réacteurs à eau sous pression (REP) construite en France, entre 1962 et 1967. C’est un modèle réduit des centrales actuelles avec une puissance électrique de 305 mégawatts ». Son démantèlement complet devrait s'achever en 2020, si tout va bien.Si EDF rechigne à démanteler Fessenheim c'est parce qu'elle n'a plus les ressources financières pour le faire et qu'elle n'a pas les expertises pour conduire ce futur chantier. Voilà la vérité!
Écrit par : Michel Coistia | 19/06/2016
Si je comprends Michel, EDF n'a pas les moyens financiers de démanteler les centrales nucléaires devenues dangereuses. Ai-je bien lu ?
Je veux bien entendre cette affirmation sûre (Voilà la vérité ! dit-il).
Alors, est--il insensé de penser que les centrales seront prolongées jusqu'à leurs éclatements ?
Dans cette hypothèse, la France devra-t-elle faire appel aux secours internationaux pour l'aider à limiter les dégâts humains et environnementaux ?
Ne nous affolons pas. Souhaitons que EDF déposera, en premier, le dossier de fermeture de Fassenheim après juin avec les moyens qu'elle est tenue de trouver.
Daniel
Écrit par : Doyen | 19/06/2016
EDF ne sait pas démanteler.
Daniel tu as lu trop rapidement mon commentaire. J'ai donné 2 raisons pour expliquer les réticences d'EDF à démanteler Fessenheim: EDF ne maitrise pas l'expertise du démantèlement des centrales nucléaires. Je l'ai illustré par les exemples de Brennilis et de Chooz A .En plus, aujourd'hui, EDF connaît une crise financière sans précédent qui lui fait envisager de renoncer à la construction des 2 EPR anglais. La reprise partielle d'AREVA n'a pas constitué un cadeau. Toute la filière nucléaire française est dans le rouge. Alors pas question d'alourdir la barque en se lançant dans un nouveau démantèlement.
Écrit par : michel Coistia | 19/06/2016
Si, j'ai bien compris. Je refuse de penser qu'il n'y a pas de solution.
J'imagine que EDF et l' Etat en cherchent dans la situation financière extrêmement délicate actuelle.
Par ex. en prenant les paris suivants :
1) Prolonger en années le temps de fonctionnement en espérant qu'aucun incident grave n'arrive. J'ai l'impression que cette option est prise.
2) En cherchant partout les économies possibles.
3) En empruntant les sommes énormes nécessaires à longs termes de remboursement et à taux faibles, en France et à l'étranger.
4) En augmentant le prix de vente de l'électricité.
Ceci ressemble à la gestion ordinaire d'une entreprise.
Je sais, cette entreprise gigantesque n'est pas comme les autres.
Mais les solutions doivent impérativement être trouvées.
Daniel
Écrit par : Doyen | 20/06/2016
Le nucléaire produirait-il la peur du siècle, celle du 21ème ?
Les stocks d'armes, les centrales électriques, les déchets enfuis à jamais et, sans doute, des instruments utilisés dans divers secteurs socio-économiques (centres de recherche, hôpitaux, etc.) ne sont-ils pas sources d'inquiétudes avouées ou cachées intuitivement ?
Les risques ne dépassent-ils pas les avantages incontestables ?
Ces risques si lourds, si prégnants, ne doivent-ils pas être pris pour le nouvel ennemi ?
Est-ce absurde de penser à cela ?
Que faire maintenant ? Combattre cette idée qui est peut-être mauvaise ou combattre le nucléaire qui semble bien être extrêmement dangereux ?
Daniel
Écrit par : Doyen | 22/06/2016