Alors, soyons pour une fois sérieux. Et regardons un peu autour de nous dans cette Europe qui ressemble de plus en plus à un immense champ de ruines sociales. Ce n’est pas seulement qu’on voit l’Aube Dorée grecque faire des émules surtout en Europe centrale et de l’est (Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Serbie, Russie…). C’est aussi qu’on assiste à la banalisation galopante du racisme le plus violent, de l’antisémitisme, de l’islamophobie, à la banalisation de la haine pogromiste contre les immigrés, les différents. C’est qu’en un temps record entrent en crise terminale ( ?) ou même disparaissent les partis qui monopolisaient jusqu’à hier le pouvoir dans presque tous nos pays. C’est que la crise, le chômage, l’insécurité et la misère deviennent la règle et poussent les populations à la recherche désespérée des solutions ou des Messies qu’elles trouvent presque toujours aux deux extrémités de l’échiquier politique. Exactement, comme aux années 30…
Mêmes causes, mêmes effets, mêmes complicités et mêmes intérêts. On pourrait même dire… même aveuglement des puissants, de nos gouvernants européens qui jouent –pour la énième fois ( !)- aux apprentis sorciers, couvant dans leur sein l’œuf du serpent brun. Qui a dit que ceux d’en haut ont bien appris les leçons du XXème siècle ? Qu’ils ont exorcisé pour toujours les démons de l’entre-deux-guerres ? Si on leur faisait confiance, l’histoire serait un perpétuel recommencement…
Et pourtant, il ne faut pas que cette histoire cauchemardesque se répète car, cette fois, il y va de nos droits, de nos libertés, de notre dignité humaine, de nos vies. En Grèce, il est peut être déjà tard puisque le serpent est déjà sorti de son œuf et se ballade dans les rues terrorisant les citoyens qui continuent à ne pas croire à leurs yeux. Mais, au reste de l’Europe ? En Italie, en France, en Espagne ? Une chose est désormais sûre : il faut faire vite avant qu’il ne soit tard comme –peut être- il est en Grèce. Faire vite… et faire tous ensemble. Car il n’y a pas de salut à l’intérieur de nos frontières nationales. Face à la banalisation de la barbarie et à la résurrection de la peste brune, nous ne pouvons pas nous permettre de répéter les erreurs du passé. Unis par delà les frontières mais aussi par delà nos divisions, nous pouvons renverser la tendance et réhabiliter la solidarité, la fraternité, la liberté, l’égalité, ces quelques valeurs « démodées » qui font pourtant honneur à l’humanité. Sans oublier que, finalement, tout va se jouer dans les rues et les places, aux côtés des plus faibles et vulnérables que nous devons protéger coûte que coûte.
L’accueil réservé presque partout en Europe au Manifeste Antifasciste Européen (http://antifascismeuropa.org/) prouve que la perspective de la création d’un mouvement antifasciste européen n’est pas du tout irréaliste ou utopique. C’est du solide parce qu’elle correspond à une nécessité de plus en plus ressentie par les habitants de ce continent. D’Athènes à Madrid, c’est alors à nous tous de prouver en actes que cette fois… NO PASARAN !