Mediator partagé (19/11/2010)

 

Dans l'affaire du Mediator, tout le monde est (un peu ou beaucoup) coupable.

En premier lieu, le laboratoire Servier, fabriquant et vendeur du produit. Il en a par essence la responsabilité, et ne l'a pas assumée. Ce médicament avait pour indication le diabète : c'était en réalité un mauvais antidiabétique, très peu efficace. Tout médicament a peu ou prou des effets indésirables, mais ceux-ci ne peuvent être tolérés que si des effets positifs existent : ce n'était pas le cas. Le Mediator était principalement utilisé comme coupe-faim, alors qu'il n'était pas indiqué pour cela. Et toutes les molécules de cette famille avaient été retirées de la vente à cause du danger qu'elles h-4-2306167-1289890978.jpgreprésentaient.

 

En second lieu les autorités gouvernementales qui ont réagi très tardivement, faisant preuve d'un aveuglement persistant. Il faut savoir que le laboratoire Servier, un des grands noms français de ce secteur, possède de solides appuis dans le milieu politique.

Les informations du Dr Frachon, suite à ses études du produit n'ont pas été prises en compte sérieusement.

Une des très rares revues médicales indépendantes (la revue Prescrire) écrivait en 2006 : "La revue regrette qu'au vu des données sur le benfluorex (Le Médiator, note de L'An Vert), la Commission nationale de pharmacovigilance ait seulement proposé de mettre en route de nouvelles études en vue d'évaluer les risques du benfluorex. Les données sont pourtant suffisantes depuis 30 ans pour conclure que la balance bénéfices-risques du benfluorex est défavorable.
Pendant les études, les ventes vont continuer et des patients seront exposés à des effets indésirables qui n'en valent pas la peine."

 

Enfin les médecins qui l'ont prescrit, sont coupables de négligence, d'avoir trop entendu le message du laboratoire à travers ses délégués médicaux, et pas assez celui des scientifiques indépendants. La molécule était interdite depuis 1997 aux Etats-Unis, comme toute la famille à laquelle elle appartient.

Il est plus facile de prescrire un médicament que d'essayer de prendre en charge de manière globale le problème de l'obésité.

Même si leur place se situe au bout de la chaîne des responsabilités, leur niveau d'étude et de rémunération ne leur permet pas de s'exempter de leur part de culpabilité dans cette affaire.



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