Moins de publicité, plus de sobriété ! (08/08/2024)

Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°101 le 1er avril 2024, mis en ligne le 2 août 2024 

L’association Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) milite contre le système publicitaire depuis plus de 30 ans. Rencontre avec Thomas Bourgenot, son chargé de plaidoyer.

Pourquoi se battre contre la pub ?

La pub nous est imposée sans qu’on ne nous ait jamais demandé notre avis pour la recevoir ou pas. Chaque personne reçoit en moyenne entre 1200 et 2200 messages publicitaires par jour. Une de nos revendications est donc la liberté de réception, un corollaire de la liberté d’expression. De la même manière que l’on peut décider de s’exprimer ou pas, nous demandons le droit de recevoir ou de ne pas recevoir de la pub.
La pub, c’est aussi l’incitation à la surconsommation et le renforcement des stéréotypes sexistes. C’est enfin le mode de financement des médias, ce qui fait que les annonceurs ont un pouvoir sur les lignes éditoriales, et cela constitue un danger pour l’information et donc pour la démocratie.

Au début des années 2010, l’association Résistance à l’Agression Publicitaire semblait ouvertement antinucléaire. Qu’en est-il aujourd’hui ?

On a signé plusieurs communiqués communs avec le Réseau "Sortir du nucléaire", mais le R.A.P. n’a pas une position officielle et tranchée sur le nucléaire. Par contre, nos luttes ont un objectif commun : réduire les consommations énergétiques. Le R.A.P. est aussi affilié aux Amis de la Terre France, et nous avons adhéré à leur manifeste qui est clairement antinucléaire.

Quels sont vos modes d’action ?

On organise des actions de sensibilisation, comme des projections-débats et des ateliers pour expliquer aux publics pourquoi lutter contre la pub. On recouvre des panneaux publicitaires dans la rue, comme ce 25 mars (journée mondiale contre la pub) dans plusieurs villes, pour dénoncer les ravages des Jeux olympiques.

Des victoires récentes à célébrer ?

Au niveau national, on est plus sur des micros avancées, notamment avec la loi « Climat et Résilience » de 2021 qui a interdit les publicités pour les énergies fossiles. Cette victoire a permis de montrer qu’on pouvait faire des lois contre la pub pour des raisons environnementales, et pas uniquement pour des raisons sanitaires comme c’était le cas pour le tabac, par exemple. Au niveau local, en 2023, la Métropole de Lyon a adopté un Règlement Local de Publicité qui interdit les écrans publicitaires.

Est-ce que l’anti-pub est aussi une façon d’aller vers plus de plus sobriété ?

La sobriété est une notion importante pour nous. Si on est anti-pub, c’est aussi pour limiter la surconsommation, arrêter d’inciter les gens à consommer des produits dont ils n’ont pas besoin. C’est aussi se battre contre la surconsommation des dispositifs publicitaires en eux-mêmes. En France, il y a entre 500 000 et un million de panneaux publicitaires, avec des différences de consommation variables de l’un à l’autre (selon qu’ils sont à LED, à néon, etc.) Pour un écran simple face, ce serait 6000 kWh par an, et 13 000 kWh pour un panneau à deux faces. Éteindre tous les panneaux publicitaires ne permettrait donc pas de fermer une centrale nucléaire. Par contre, cela enverrait un signal très fort : ce n’est pas juste aux citoyen·nes de faire des efforts. Surtout, et c’est ce que dit le rapport « Futurs énergétiques 2050 » de RTE, cela limiterait les incitations à la surconsommation. Car c’est davantage la surconsommation indirecte, induite par la publicité, que la consommation d’énergie des supports publicitaires qui pose problème.

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Design réalisé par Kévin Mermin, disposé par Extinction Rebellion dans la ville de Saint-Étienne

 

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