Riposte féministe (15/03/2023)
La projection du documentaire "Riposte féministe" a attiré une soixantaine de personnes au cinéma les Tourelles ce mardi. Sa programmation entrait dans le cadre de la semaine consacrée aux droits des femmes. La section de Vouziers de la Ligue des Droits de l'Homme, qui participe à l'organisation de cette semaine, présentait ce film et proposait un débat à sa suite.
Voici un extrait de la critique de ce film, faite par Guillemette Odicinode sur Télérama en novembre dernier :
"« Rien ne justifie ce qu’il t’a fait. » Ce genre de messages a fleuri sur les murs des villes grâce au mouvement des « colleuses », qui dénoncent avant tout les violences faites aux femmes, mais aussi le patriarcat en général, en déposant des mots dans l’espace public, pour mieux se le réapproprier.
(...)
Cette histoire d’une politisation vitale, d’un militantisme en construction est aussi un récit des corps libérés : des filles qui se donnent rendez-vous en pleine nuit, seaux de colle à la main, et qui marchent, galvanisées par la sororité, conquérantes et mêmes rieuses, dans ces mêmes rues où, d’habitude, elles se sentent menacées. Fougueuse et esthétique, cette Riposte est, aussi, un beau geste de cinéma par son parti-pris judicieux de filmer les sessions de collage en plan fixe. Une caméra à l’épaule aurait renforcé le sentiment d’insécurité, alors que le message des documentaristes est clair : ces colleuses ont pris possession de la rue, et n’ont pas fini de faire résonner le féminisme en nos murs."
Le film s'attache donc à suivre des colleuses qui laisse sur les murs des villes des messages féministes. Ces traces sont plus ou moins éphémères, mais leur répétition finit par interpeller les personnes qui les lisent.
“Je te crois” “Ta main sur mon cul, ma main dans ta gueule” "le sexisme est partout, nous aussi" "Aux femmes assassinées la patrie indifférente" "Plus écoutées mortes que vivantes" "Le patriarcat est violent, sa destruction le sera aussi " "La révolution sera féministe ou ne sera pas " "Violence sexiste, riposte féministe".
Les slogans sont courts le plus souvent, provocateurs par choix d'efficacité, parfois violents par réaction à la violence patriarcale, mais toujours écrits de manière semblable, ce qui donne une sensation de continuité dans le temps et dans l'espace.
Car les groupes de colleuses se multiplient sans les villes, grandes ou plus petites, et les militantes ne se découragent pas quand il faut reprendre le soir le travail de la veille.
Elles montrent même leur fierté d'avoir réinvesti un espace public qui leur était pratiquement interdit (la rue), notamment la nuit. Le film décrit particulièrement le parcours personnel des colleuses, la force du groupe et des liens de solidarité qu'il crée.
L'efficacité directe des collages n'est pas évidente, mais la dynamique ainsi obtenue ne peut que diffuser largement au-delà des affichages. La réaction parfois violente de quelques hommes croisés dans ces tournées nocturnes démontre que cette action touche au sentiment de toute-puissance qui les habite.
La projection du film a été suivie d'un moment de question réponse avec la salle. Françoise Dumont, ancienne présidente de la LDH, était pressentie pour animer le débat. Souffrante, elle n'a pas pu effectuer le déplacement à Vouziers. En son absence, ce sont les responsables de la section locale de la Ligue des Droits de l' Homme qui ont répondu aux interrogations ou remarques des spectateurs de cette soirée.
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