Caussade : on prend Sivens et on recommence (23/09/2018)
Cet été, la préfecture du Lot-et-Garonne a donné son feu vert à la construction d’un nouveau barrage d’irrigation en travers d'une rivière sur le bassin versant du Tolzac, affluent de la Garonne, à la plus grande surprise de France Nature Environnement, la fédération SEPANSO Aquitaine et la SEPANLOG 47. Ce projet coûteux et destructeur de biodiversité, qui ne constitue en rien une solution durable pour l’agriculture, avait pourtant reçu de nombreux avis défavorables. France Nature Environnement et la SEPANSO saisissent donc le tribunal administratif de Bordeaux.
Nouveau passage en force pour un projet de barrage illégal et destructeur
Après le drame de Sivens, l’Etat avait déclaré que tout nouveau projet de barrage ou de retenue d’eau devait s’inscrire au sein d’un projet de territoire, soit être co-construit avec l’ensemble des acteurs concernés, pour que les projets autorisés répondent réellement à l’intérêt général.
Mais le jeu de la démocratie et du respect de l’ensemble des usagers n’a une fois de plus pas été respecté. Nos associations territoriales déplorent un manque de courage politique de la préfète du Lot-et-Garonne qui, en dehors de tout projet de territoire et en contradiction totale avec les objectifs du SDAGE Adour Garonne, autorise une retenue surdimensionnée et des prélèvements supplémentaires dans un bassin versant déjà déficitaire.
Le projet de barrage de Caussade ressemble à s’y méprendre au projet de Sivens, tant il présente les mêmes irrégularités et les mêmes dommages environnementaux : destruction de plusieurs dizaines d’espèces protégées, destruction des zones humides, saccage d’un des derniers ruisseaux du secteur ayant conservé un état écologique remarquable… Pire, ce barrage est implanté sur un bassin versant où 728 plans d’eau existent déjà et perturbent le cycle naturel de l’eau, avec un risque – évident mais non étudié – de cumul d’impacts environnementaux et de concurrence entre usagers pour remplir leurs stockages. Si ce projet voyait le jour, il provoquerait de façon certaine une détérioration de la qualité écologique des eaux.
Une action commune des associations pour l’intérêt général
Pour France Nature Environnement, la création de retenues d’eau à des fins d’irrigation agricole ne constitue en rien une solution sur le long terme : les autorisations et les financements publics de ces fausses bonnes solutions contraires à l’intérêt général doivent cesser. La création de nouveaux stockages d’eau ne doit être autorisée que sous certaines conditions, non respectées dans le cas du barrage de Caussade. Passer en force et imposer un barrage aussi nuisible aux milieux aquatiques — alors même que vient d’avoir lieu une mission nationale visant à évaluer et améliorer la mise en œuvre des projets de territoire — est inacceptable.
Sans les éléments techniques permettant d’élaborer pour chaque territoire une gestion plus préventive anticipant les changements climatiques, il n’est plus possible de construire un énième barrage pour irriguer des cultures non adaptées à la disponibilité réelle des ressources en eau. Une vraie réflexion doit avoir lieu pour changer de modèle agricole : il convient de rendre compatibles les cultures avec les ressources en eau disponibles. Ce n’est plus à la nature de s’adapter aux pratiques humaines, mais bien l’inverse !
C’est pourquoi un recours en annulation, doublé d’un référé suspension, vient d’être déposé par les fédérations environnementales France Nature Environnement et SEPANSO Aquitaine, auprès du tribunal administratif de Bordeaux, demandant la suspension et l’annulation de l’autorisation préfectorale de la création et de l'exploitation de la retenue d'eau collective « de Caussade ».
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