Nucléaire : des groupes industriels menacés de faillite (17/02/2017)
Il n'y a pas qu'en France que les industriels du secteur nucléaire connaissent de grosses difficultés (voir notre article du 14 février pour EDF).
Le groupe Toshiba est un des principaux acteurs du nucléaire au Japon. Il a également investi aux Etats-Unis, en rachetant Westinghouse. D'après RFI " Le conglomérat s’est aperçu trop tard que la société Stone & Webster, achetée en 2015 par Westinghouse pour construire deux centrales nucléaires en Géorgie et en Caroline du Sud, était très endettée et qu’elle n’avait plus l’expertise nécessaire pour mener ces deux chantiers."
De plus, le coût de construction des centrales nucléaires a explosé (si l'on peut employer cette expression à ce sujet) depuis la catastrophe de Fukushima. Celle-ci a mis en lumière de nombreuses faiblesses de conception des centrales nucléaires, leur construction doit désormais répondre à des normes beaucoup plus sévères.
RFI ajoute :"depuis l’accident nucléaire de Three Mile Island aux Etats-Unis, et l’arrêt de toute construction de centrales nucléaires durant une trentaine d’années, l’industrie nucléaire américaine souffre d’un manque d’ingénieurs et de techniciens spécialisés."
Le journal économique Boursorama analyse les difficultés financières de Toshiba :
Le groupe a demandé et obtenu auprès des autorités un délai d'un mois, jusqu'au 14 mars, pour rendre sa copie définitive une fois établie la vérité sur de possibles agissements délictueux au sein de l'entité nucléaire américaine. Puis, dans un retournement inexpliqué, il a fini par annoncer qu'il redoutait pour l'exercice 2016/17 une perte nette de 390 milliards de yens (3,2 milliards d'euros).
Le groupe a indiqué qu'il allait enregistrer une dépréciation qui atteindra au total 712,5 milliards de yens (5,8 milliards d'euros) sur ses activités nucléaires aux Etats-Unis en raison des mauvais calculs de sa filiale Westinghouse.
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Poursuite des activités en question -
Toshiba a plongé ses actionnaires dans l'expectative depuis des semaines en déclarant soudainement fin décembre devoir passer dans ses comptes des dépréciations d'actifs chiffrées à "plusieurs milliards de dollars".
La vigilance promise après les fraudes révélées en 2015 n'est pas allée jusqu'à passer au peigne fin les risques liés aux opérations conduites par Westinghouse aux Etats-Unis où l'entreprise s'est, de l'aveu même de ses dirigeants, rendu compte trop tard qu'en rachetant CB&I, une firme impliquée dans la construction de centrales nucléaires, elle avait ouvert sous ses pieds un gouffre financier.
Depuis l'accident de Fukushima, les pré-requis dans ces installations ont été grandement revus et les coûts des projets ont flambé, ce que Westinghouse avait mal évalué.
Toshiba est acculé à une nouvelle reconfiguration de ses activités.
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Le groupe tentaculaire a déjà été condamné à maints sacrifices pour tenter de se remettre du retentissant scandale de manipulations comptables révélées en 2015.
"Toshiba cède les activités bien portantes pour renflouer celles qui vont mal, le contraire d'une stratégie de bon sens", a souligné dans une émission de radio l'essayiste spécialisé, Tetsu Machida.
Le seul atout que semble conserver Toshiba est son rôle dans la décontamination rendue nécessaire suite à la catastrophe de Fukushima. Le gouvernement japonais a besoin de tout le monde disponible pour mener à bien ce gigantesque et périlleux chantier. La branche de Toshiba concernée par ces travaux pourrait être maintenue, mais à quel prix?
Le cours de l'action Toshiba en chute libre
22:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toshiba, centrales nucléaires, japon, fukushima | | Facebook | | Imprimer |