Chute d’un générateur de vapeur de 460 tonnes à la centrale nucléaire de Paluel : le grand carénage vire au carnage (03/04/2016)
Communiqué du réseau "Sortir du nucléaire"du 1er avril 2016
Un générateur de vapeur de 460 tonnes est tombé de plus de 20 mètres à Paluel (Seine-Maritime), première centrale où est réalisé le "Grand carénage", programme de maintenance et de grands travaux prévus par EDF sur l’ensemble du parc nucléaire français. Comme le démontre ce nouvel accident, ces travaux sont une impasse dangereuse et inutile et une pure opération de communication destinée à faire croire à la possibilité de prolonger le fonctionnement des réacteurs. Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande l’arrêt du grand carénage, la fermeture des vieux réacteurs et une transition énergétique en urgence.
Un accident... et de nombreuses questions
En tombant de toute sa hauteur, ce générateur de vapeur de 460 tonnes - selon nos informations - et 22 m de long a endommagé la dalle de béton du réacteur n°2. D’après nos sources, le choc aurait été tel que la piscine du réacteur serait maintenant fissurée et le bâtiment réacteur endommagé.
Par ailleurs, ce générateur de vapeur usagé et hautement irradié avait été confiné pour éviter les contaminations. Mais avec le choc, ce confinement a-t-il tenu ? N’y a-t-il pas un risque de dispersion de débris radioactifs et donc de contamination des travailleurs présents au moment de l’accident ? Toute la lumière doit être faite sur les circonstances et les conséquences de cet accident
Série noire à la centrale de Paluel
Cet accident n’est pas une surprise, les travailleurs dénonçant depuis plusieurs mois le mauvais état des appareils de manutention. Il vient également s’ajouter à une série de problèmes graves. Comme le montre un document interne à EDF, les diesels de secours de la centrale de Paluel étaient tous dans état de fiabilité « inacceptable » en 2014, attestant d’une maintenance déficiente. En juillet 2015, un incendie de métal sur un condenseur n’avait pu être maîtrisé qu’au bout de 6 heures, infligeant d’importants dégâts aux installations.
Grand carénage : arrêter les frais en urgence
L’Autorité de sûreté nucléaire émet depuis longtemps des doutes sur la capacité d’EDF de mener à bien le grand carénage, soulignant que l’entreprise est déjà débordée par les travaux de maintenance qu’elle a elle-même programmés. Ce nouvel accident, qui n’augure rien de bon par rapport à la suite du programme, en apporte la confirmation. Ces problèmes multiples ne doivent rien au hasard, mais résultent d’une perte de compétences et savoir-faire. Il est surtout la conséquence de pressions inacceptables et de cadences infernales imposées par EDF aux entreprises prestataires et aux travailleurs sous-traitants : ceux-ci sont tenus d’effectuer dans des délais très courts des opérations lourdes afin de pouvoir redémarrer le réacteur au plus vite.
Au vu de tous ces ratés, le "Grand carénage" pourrait coûter bien plus que les 100 milliards d’euros évoqués par la Cour des comptes et fragiliser encore plus les finances d’EDF. Ce programme apparaît comme une pure opération de communication de la part d’EDF pour faire croire qu’il est possible de renforcer la robustesse des réacteurs, intégrer les nouvelles normes post-Fukushima et ainsi prolonger leur durée de fonctionnement. Pourtant, loin d’améliorer la sûreté des réacteurs, ces travaux bâclés risquent de fragiliser les installations et de les rendre encore plus dangereuses.
Il faut arrêter les frais avant de nouveaux dégâts et stopper le "Grand carénage". Plutôt que de prolonger le fonctionnement de réacteurs vieillissants et dangereux, il est urgent de réorienter les milliards prévus pour cette opération vers les économies d’énergie et les énergies renouvelables.
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