Notre Dame des Landes : la fabrication d'un mensonge d’État (26/01/2016)
Françoise Verchère vient d’écrire un livre sur Notre-Dame des Landes qui fera date. Un livre de combat, en trois courts chapitres, qui a le mérite de replacer le conflit en perspective.
Le blog http://etatsetempiresdelalune.blogspot.fr/2016/01/un-docu... le publie intégralement.
Eric Chalmel, qui publie ce blog, présente le document dans un texte reproduit ci-dessous.
"Le dernier verdict du tribunal de Nantes met le gouvernement au pied du mur : soit expulser manu militari les zadistes du site de Notre-Dame des Landes, soit renoncer au projet d’aéroport du grand ouest. Avec la présidentielle à l’horizon, sa décision est à la fois très attendue et à très haut risque. Le conflit n’a que trop duré : il s’est enlisé et plus personne ne voit comment en sortir. La fenêtre de tir politique se restreint de jour en jour. À l’évidence, nous sommes à la veille d’un tournant décisif.
Beaucoup de citoyens (certains n’étaient pas nés lorsqu’il a commencé) ont une vision embrouillée du conflit. Des arguments techniques complexes de part et d’autre, des enjeux économique, écologique et sociétal qui s’opposent, une image de plus en plus négative des zadistes face à l’état de droit, des violences policières qui ont grièvement blessé de jeunes manifestants, des politiques qui s’invectivent ou qui s’observent… Il n’y a pas eu de mort comme à Sivens (et espérons qu’il n’y en ait pas !), toutefois le clivage laissera des traces douloureuses.
Si nous n’en sommes pas encore aux travaux d’historiens, Notre-Dame des Landes est déjà un cas d’école qui commence à susciter des témoignages. Celui de Françoise Verchère fera date. Parce que c’est la vision d’une opposante historique et déterminée, d’une figure emblématique, parce qu’elle connaît le dossier à la virgule près, mais pas seulement. Son livre, publié sur ce blog, est évidemment partisan. Mais il est brillant, comme à chaque fois qu’elle prend la plume. Surtout, au-delà des arguments qu’elle déroule inexorablement, des « mensonges » qu’elle dénonce un par un, il nous donne une vision complète et intelligible du conflit. Pour la première fois, un document nous permet d’y voir plus clair, qu’on soit d’accord ou pas avec son auteur.
J’imagine que ce texte appellera une réponse tout aussi circonstanciée et brillante des partisans du projet. Il va de soi que je me ferais un devoir de la publier à son tour s’ils le souhaitent.
En attendant, bonne lecture… E.C."
Manifestation à Nantes le 9 janvier 2016
18:55 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écologie, notre-dame-des-landes | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Autour de la COP 21, il serait bien que ce projet d'aéroport soit abandonné. L'image de l'aggravation des pollutions engendrées par les activités portuaires dont la principale est le vol des avions extrêmement polluant, est paradoxale par rapport aux engagements visionnaires pris à Paris par tous les pays du Monde, engagements coordonnés finement par le ministre de la France des Affaires étrangères.
Mais que faire contre les décisions prises démocratiquement par les instances régionales élues qui sont sensées connaître tous les tenants et aboutissants d'une telle réalisation ?
Daniel
Écrit par : Doyen | 26/01/2016
La démocratie c'est justement de pouvoir contester, quand c'est inévitable, des décisions prises par des instances démocratiquement élues. En effet, il est à tout à fait possible qu'une assemblée, qu'une institution fasse un choix qui ne soit pas d'intérêt général,ou qu'elle refuse d'envisager par sectarisme idéologique ou par certitude politique tout projet alternatif, toute contre-proposition. C'est le cas du tunnel Lyon-Chambéry-Turin, de l'aménagement de la vallée d'Aspe, de certaines lignes de TGV, du barrage de Sivens, de l'autorisation des corridas, des règles de sureté nucléaire, du projet de Bure, de la durée légal du travail, de l'âge de départ en retraite, du mariage pour tous,..... La liste est longue,......longue. Le doute en tout cas devrait toujours animer les élus quand une contestation se lève. Les contestataires doivent aussi se poser des questions mais dans ce domaine on ne leur laisse pas le choix .Ils sont constamment assaillis de questions et doivent argumenter
Écrit par : Coistia Michel | 27/01/2016
Peut-on dire, alors, que la démocratie est atteinte d'un mal indéfinissable ?
J'accorde du crédit à ce qu'écrit Michel et je suis prêt à le suivre. Moi-même, d'ailleurs, j'ai participé à des manifestations dans les rues contre des décisions prises démocratiquement par des instances élues.
Je pense, cependant, que les responsables animateurs de ces manifestations spontanées doivent admettre un échec. Celui de ne pas avoir su convaincre les élus des bien-fondés de leurs convictions avant que ceux-ci ne votent.
Les opposants qui manifestent se placent en résistance au risque d'affrontements incontrôlables. Ils finissent par exacerber des passions.
Au vu de ces évolutions dangereuses, ces manifestants peuvent-ils se prévaloir de la démocratie comme semble le suggérer Michel qui rappelle une longue, longue, liste d'exemples.
Ces manifestations de ce genre peuvent engendrer des contre-manifestations soutenant les décisions démocratiquement prises par les élus.
Alors, le mal enfle et les risques aussi.
L'échec ce cette démocratie extirpée de ces exemples, semble maintenant posé.
Il est tant d'y réfléchir. Les citoyens de base et les experts citoyens devront se mettre au travail, peut-être, pour rédiger un "Code de la démocratie" à côté de la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen".
Mais, attention, ce "code du citoyen" ne devra pas être trop épais non plus, comme l'est l'inextricable code du travail.
Daniel
Écrit par : Doyen | 28/01/2016
En sortant du sujet, elle est où votre démocratie quand trois salariés prennent neuf mois fermes alors que les Balkanys nous représentent encore à l'assemblée nationale !!! Je suis pour l'ordre mais l'ordre juste. Il y a plusieurs modèles démocratique, le nôtre est bien faible pour honorer les Droits de l'Homme que vous évoqués.
Écrit par : Fabien Lallemand | 28/01/2016
Un exemple concret de la démocratie .
La ministre de l'Education Nationale refuse d'entendre 50.000 profs en gréve pendant que le premier ministre reçoit à Matignon une délégation des 2.000 chauffeurs de taxi en gréve .
Écrit par : Jean-Jacques | 29/01/2016
Un autre exemple concret de la démocratie.
Il faut manifester pour être reçu à l'Elysée ou dans un ministère. D'autres font le choix de souffrir en silence et ceux-là la république les laisse bien de côté.
Écrit par : Fabien Lallemand | 29/01/2016
Deux poids deux mesures .
La réponse est plus rapide pour certains . Les Français ne sont pas pris en otages comme dans d'autres gréves .
Je partage votre commentaire .
Écrit par : Jean-Jacques | 29/01/2016
En gros, la "démocratie", c'est le gouvernement du peuple par le peuple. Notre système démocratique en France consiste à choisir nos gouvernants par un scrutin. Les électeurs choisissent l'homme ou la liste qui lui convient le mieux.
Ainsi, l' Etat, la Région de la Loire, d'autres instances locales (départements et communes), ont fait ce choix d'installer à NDDL un aéroport.
Ce choix est contesté par des associations. Nous les comprenons bien. Elles apportent des éléments de réflexion. Par ces faits, elles améliorent la démocratie car elles enrichissent les élus de connaissances sûrement utiles.
Mais elles n'ont pas le pouvoir de décisions. La décision appartient aux élus responsables choisis par le peuple.
Cette "démocratie" est acceptable et même respectable. Elle peut être probablement amendée. Mais reconnaissons que nous avons cette chance d'en bénéficier.
Daniel
Écrit par : Doyen | 29/01/2016
Quel périmètre pour la démocratie?
Lorsqu'un projet a des retombées nationales, ce ne sont surement pas aux seuls élus locaux à en décider! La décision d'enfouir des déchets hautement radio-actifs ne relève pas d'une décision des maires de communes meusiennes. La véritable démocratie est celle qui permet au peuple d'exercer un contrôle sur ses représentants qui doivent rendre des comptes régulièrement et se soumettre à l'évaluation de ses électeurs. Vit-on en régime démocratique quand le peuple par referendum vote NON au traité de Maastricht et que les élus répondent OUI au même traité? Je suis d'accord pour convenir avec Daniel que nous vivons heureusement sous un régime de droit et globalement démocratique. Mais pourquoi s'évertuer à refuser les progrès possibles ou du moins à trainer les pieds comme pour le non cumul des mandats par exemple? La décision relative au projet de l'aéroport de Notre -Dame-des-landes en contradiction avec la COP21 relève d'un référendum. Chiche!
Écrit par : Coistia Michel | 29/01/2016
Pourquoi pas ?
Je voterais contre le projet.
Mais alors que dire si la majorité silencieuse venait à voter pour cet aéroport contre la minorité bruyante, en confirmation du choix des élus ?
Mais si cette minorité devenait majoritaire à l'issue de ce référendum, la France, une fois de plus, renverserait les habitudes.
Daniel
Écrit par : Doyen | 30/01/2016