La Poste bientôt privatisée (29/07/2009)
Le Changement de statut de "La Poste" était à l'ordre du jour du conseil des ministres de ce jour.
Le gouvernement, en particulier par les voix de Christian Estrosi et Chistine Lagarde, affirme que ce changement de statut ne doit pas être considéré comme le début d'une privatisation. Ils répètent que l'actionnariat sera à 100% public . D'après eux, le changement aurait comme seul but de favoriser l'entreprise face à la concurrence qui s'annonce en Europe. Ils donnent malgré tout l'impression d'insister un peu trop, et de nous prendre pour des naîfs.
Le prétexte est bien l'ouverture à la concurrence"grâce" à l'Europe. Bien entendu, ce qui va être concurrentiel, ce sont les secteurs rentables. Et pour se situer dans les plus performants, il faudra faire des économies dans les secteurs non rentables, comme la distribution du courrier dans les zones rurales. Ce qui existe déjà comme les fermetures de bureaux et la diminution de la qualité du service postal n'est qu'un début.
La privatisation est le but à moyen terme, histoire de rendre les salariés moins protégés, et de mieux faire passer la disparition de la notion de service public. Les promesses n'engagent pas ceux qui les font, et comme d'habitude elles seront bien vite oubliées.
Le site nouvelobs.com reprend utilement les exemples de GDF et de France Telecom ; c'est édifiant.
"C'est clair, c'est simple et c'est net"
"Pas de privatisation" : c'est ce qu'avait soutenu en 2004 Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Economie et des Finances au moment de l'augmentation du capital d'EDF-GDF. Le 6 mai 2004 lors d'un déplacement à Chinon (Indre-et-Loire), Sarkozy contente les représentants syndicaux de l'entreprise énergétique devant les caméras de télévisions : "On ne viendra pas à la privatisation, c'est clair, simple et net". Et à nouveau pour tout ceux qui n'avait pas bien entendu : "Il n'y aura pas de privatisation d'EDF et Gaz de France, c'est clair, c'est simple et c'est net."
Le 15 juin 2004, il réaffirme avec aplomb devant les députés : "EDF-GDF ne sera pas privatisée, le gouvernement ne le souhaite pas et l'Europe ne nous le demande pas".
Toutefois, pour qu’EDF et Gaz de France puisse "lutter à armes égales contre leurs concurrents", Nicolas Sarkozy estime qu'il est "indispensable de transformer ces établissements publics en sociétés anonymes."
Le 22 juillet 2004, le Parlement vote l'ouverture du capital de Gaz de France (GDF) avec une participation de l'Etat ne pouvant pas descendre au-dessous de 70%.
Quatre années plus tard, jour pour jour, le tout nouveau groupe GDF-Suez est coté en Bourse. L'Etat ne détient que 35,6% de son capital.
"Le changement de statut de l'entreprise est nécessaire"
Autres temps, autres pratiques. En juin 1996, le gouvernement Juppé promulgue les lois de déréglementation et d’ouverture à la concurrence de France Télécom. Selon un modèle déjà bien rodé, l'opérateur public est transformé en société anonyme. "Le changement de statut de l'entreprise est nécessaire", explique alors le ministre des Technologies de l'Information et Poste, François Fillon, "dans la perspective d'une ouverture à la concurrence". Il est évidemment entendu que l’Etat conservera au moins 51% de son capital.
La dissolution de l'Assemblée nationale en 1997 retarde l'ouverture du capital de l'opérateur téléphonique. Au nom de la défense des services publics, chère à la gauche, les socialistes s'engagent lors de la campagne législative à stopper le processus de privatisation. "Parce qu’il y a mission de service public, les socialistes souhaitent que France Télécom reste avec un capital à 100 % public", indique Dominique Strauss-Kahn. Une fois nommé Premier ministre, Lionel Jospin se ravise et fixe les modalités d'une privatisation partielle, qui conduit à la mise sur le marché 20,9% du capital de France Télécom. Cette ouverture du capital, "lui permettra de rester l'un des tous premiers opérateurs mondiaux", justifie-t-il. La vente des actifs de l'Etat se poursuit.
Privatisation
En décembre 2003, les députés adoptent une loi permettant à l’Etat de réduire sa participation sous le seuil de 50% du capital de France Télécom. Le ministre de l'Economie de l'époque, Francis Mer, défend les choix du gouvernement : "Le fait de voir son capital figé par une obligation juridique peut devenir un handicap stratégique pour l'entreprise."
Nicolas Sarkozy transforme l'essai le 1er septembre 2004. France Télécom est privatisée. Aujourd'hui l'Etat ne détient plus que 26,65% de son capital.
A la lumière de ces précédents, il faut donc croire le chef de l'Etat : "La Poste changera de statut, mais ne s'ouvrira qu'à des capitaux publics".
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