Vouziers : l'Hôtel de Ville patrimoine du 20ème siècle. (20/10/2011)
Samedi prochain, une plaque sera apposée sur le bâtiment, marquant cette reconnaissance
Voici un texte qui rappelle l'histoire de l'hôtel de ville actuel de Vouziers, et les motivations du choix de son architecture.
L’hôtel de ville a reçu du Ministère de la culture et de la communication le label « Patrimoine du XXème siècle ». La plaque qui marque cette distinction sera découverte le samedi 22 octobre à 16heures.
Le patrimoine du XXe siècle protégé au titre des monuments historiques
en Champagne-Ardenne
Jamais un siècle n'aura autant construit (avec l’accroissement démographique et l'évolution générale du niveau de vie), mais également autant détruit…, que le XXe siècle.
Et si quelques édifices se sont vu reconnaître très rapidement une valeur patrimoniale, la grande majorité souffre d’un manque de reconnaissance (pas assez anciens pour avoir de la valeur, trop hétérogènes, pas assez nobles (usage commercial, industriel…)) et reste très menacée.
Or, le patrimoine du XXe siècle "présente des caractéristiques et des usages propres qui, conjugués à l’absence du recul temporel généralement nécessaire aux choix de protection, rendent aussi urgentes que délicates la définition et la mise en œuvre de mesures de préservation adaptées.
Aujourd’hui encore, un faible pourcentage de réalisations architecturales de ce siècle, plutôt de la première moitié, figure parmi les édifices protégés au titre des Monuments Historiques. En Champagne-Ardenne, en 2011, 32 édifices, ou éléments de l’architecture du XXe siècle, sont protégés (dont 8 classés).
Petite histoire de l’hôtel de Ville de Vouziers
La première pierre de l’édifice a été posée en août 1923. La mairie précédente construite en 1808, sur les plans de l’ingénieur Deschamps au bas de la place, était un bâtiment modeste à un étage. Il fut détruit et incendié par un obus allemand le 7 octobre 1918.La coopérative de reconstruction de Vouziers fit appel à un cabinet d’architectes parisiens pour élaborer les plans de la nouvelle mairie. Victor Lesage qui présidait alors « La Restauration régionale » une association d’architectes parisiens engagés dans la reconstruction et Charles Miltgen avec qui il faisait équipe ont donc signé ces plans. Ces architectes qui privilégiaient la reconstruction de bâtiments symboliques ou/et de villages entiers sont les auteurs de réalisations architecturales majeures. On leur doit en particulier la conception de la station balnéaire de la Vicomté à Dinard, ville où repose Albert Caquot, ce grand ingénieur et constructeur du XXème siècle natif de Vouziers, la maison de la Mutualité à Paris entre Notre Dame et Panthéon(1928/29), le magasin Gouffé(1907) toujours à Paris ainsi que de nombreux immeubles dans le centre du Paris historique, plusieurs monuments aux morts.
A Vouziers, Lesage et Miltgen sont les architectes de l’école de jeune fille symbole de l’amitié franco-tchécoslovaque, inaugurée le 25mai 1930 qui deviendra cours complémentaire, collège et enfin lycée Masaryk, du monument aux morts construit entre les deux escaliers conduisant au 1er niveau de l’hôtel de ville qui sera inauguré le 2 octobre 1927. Sa « Femme ailée »symbole de la Victoire, œuvre du sculpteur Firmin Michelet, exprime l’aspiration à la Paix.
La construction de l’hôtel de ville va demander plus de deux ans. Les bureaux ouvriront le 1er janvier 1926. Il faut dire que le bâtiment fait d’un assemblage harmonieux de briques rouges et de pierres blanches est imposant .Le rez–de-chaussée abritait à l’origine les pompes du service incendie et le matériel de l’harmonie municipale.
L’Hôtel de ville : affirmation de la République laïque
Jusqu’au début du XIXème siècle la vie communale s’est organisée autour de l’église Saint Maurille. C’est devant elle que se trouvait la place des foires et marchés avec sa halle, c’est son horloge qui distribuait le temps, c’est à sa proximité que la vie économique et commerciale fleurissait. Ensuite et progressivement, le cœur de la ville s’est déplacé et organisé autour de la mairie, de sa place centrale, de ses halles. La société républicaine s’est éloignée de la religion et la loi du 5 décembre 1905 a consacré la séparation de l’église et de l’Etat. L’Hôtel de ville est le symbole de cette évolution. Son allure d’église « républicaine » avec son campanile culminant à 17 mètres concurrence la silhouette de l’église. Le bâtiment domine la vaste place, agora citoyenne. Ses trois porches reprennent la forme du portail de l’église. De plus petite taille ils s’imposent pourtant en haut de l’élégant escalier à double révolution qui y conduit. Les armes de la ville s’affichent sur cette belle façade au fronton triangulaire. A l’initiative de Bernard Pierret, maire et de son conseil municipal, la devise de la République « Liberté, égalité, fraternité » y est inscrite en lettres d’or depuis 1995. L’horloge et son carillon rythment le temps. Les matériaux aux couleurs contrastées confèrent à l’ensemble un caractère chaleureux.
La labellisation « Patrimoine du XXème siècle » constitue donc une juste reconnaissance de la qualité architecturale de l’hôtel de ville, de son caractère novateur et représentatif de la reconstruction après la grande guerre de 1914-18, du talent de ses concepteurs et bâtisseurs.
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